Découvrir les religions traditionnelles d’Afrique noire

Kohan Kioshiko

L’influence des religions traditionnelles demeure toujours une réalité malgré en Afrique malgré l’invasion de l’Islam et du Christianisme. Si ces deux religions sont aujourd’hui pratiquées par plus de 85% de fidèles africains, les croyances religieuses africaines sont toujours observées dans certaines régions du continent. Aujourd’hui, l’une des croyances traditionnelles les plus pratiquées sur le continent est le Vaudou. Ce culte religieux né il y’a des siècles au Bénin, du temps de l’ancien royaume Dahomey, s’est par ailleurs exporté en dehors du continent noir. Aujourd’hui, ce dogme africain compte des adeptes en Amérique, notamment au Brésil, au Mexique ou encore en Chili. L’influence des religions dites importées, à savoir l’Islam, le christianisme, le Brahmaïsme, et même le judaïsme, n’a pas mis un terme à certains cultes observés par le peuple Dogon, principalement installé au Mali. Certes, les campagnes d’évangélisation dans les villages et endroits reculés du continent ont fait reculer les dogmes africains mais leurs adeptes continuent pour certains de toujours obéir à la tradition africaine. Que ce soit pour le mariage, pour des funérailles ou autres évènements importants, les croyances religieuses traditionnelles contribuent toujours au rayonnement de certaines sociétés africaines.

Les croyances religieuses africaines occupent une place importante dans la vie de millions d’habitants. Bien que l’on dénombrerait près d’un milliard de chrétiens (toutes tendances et courants confondus) et musulmans, le dogme traditionnel n’a pour autant pas encore totalement disparu du continent. En Afrique subsaharienne en particulier, certains peuples restent encore toujours très attachés aux croyances religieuses nées sur le continent africain. Les religions traditionnelles africaines sont fondées sur plusieurs principes souvent aux antipodes des croyances chrétiennes et islamiques (voir carte des religion africaine). La réincarnation par exemple est l’une des principales caractéristiques des croyances religieuses africaines. Après la mort, l’âme quitte le corps du défunt pour se réincarner dans un autre corps. Selon les actions du défunt de son vivant, il se réincarnera en une riche ou pauvre personne. La réincarnation est aussi un dogme que l’on retrouve dans de nombreuses croyances en Inde, notamment dans l’hindouisme. Certaines religions africaines sont aussi fondées sur le principe du totémisme. Pour certaines raisons, il est formellement interdit à des adeptes de religions africaines de consommer certains aliments, ou d’assister à certaines cérémonies traditionnelles, au risque de se voir frapper par un châtiment dans la vie ici-bas. Malgré la diversité culturelle du continent africain, les religions et croyances traditionnelles perdent de plus en plus de terrain. Mais certains dogmes continuent d’être perpétrer dans certaines régions du continent, en l’occurrence en Afrique subsaharienne. Malgré la présence des deux grandes religions au monde sur le continent, les adeptes du culte Vaudou continuent toujours d’observer leurs différents rituels. Aujourd’hui, plus de 50 millions de personnes pratiquent le culte Vaudou à travers les quatre coins du globe. Mais ce chiffre ne représente quasiment rien comparé aux 2,2 milliards de chrétiens et 1,5 milliards de musulmans que l’on dénombrerait à travers le monde. Et le culte Vaudou n’est pas la seule croyance religieuse qui s’est exportée en dehors du continent africain. La religion Yoruba observée en Afrique de l’ouest, plus particulièrement au Bénin, au Nigéria. Une autre particularité des croyances traditionnelles africaines, on y dénombre de nombreuses divinités, une pratique considérée comme du polythéisme par l’Islam et aussi le christianisme.

Le Vaudou

La religion Vaudou tire son origine de l’ancien royaume du Dahomey aujourd’hui baptisé République du Bénin. Le vaudouisme comme certains le disent continue toujours de prospérer au Bénin et au Togo, malgré la grande influence du christianisme dans ces deux pays. Historiquement, le Vaudou a vu le jour vers le XVIIe siècle. A la faveur de la traite des noirs, cette religion d’origine africaine a été exportée vers d’autres contrées, notamment sur le continent américain où la majorité des esclaves noirs étaient revendus. C’est ainsi que l’on dénombre aujourd’hui quelques adeptes du Vaudou aux Caraïbes, au Cuba, au Brésil et même aux Etats-Unis dans l’Etat du Louisiane. Vu son influence dans le monde, la religion a fait l’objet de diverses recherches à l’étranger. Cette croyance religieuse dispose même d’un musée spécial dans la ville de Strasbourg en France. A l’origine, le Vaudou était phonétiquement prononcé Vodoun, mais le n de la fin était souvent difficile à entendre des occidents, ce qui donna lieu à l’appellation commune connue de tous, à savoir le Vaudou. Durant la période coloniale, la pratique de cette croyance religieuse était formellement interdite, sous peine de mort. Les adeptes de cette religion pratiquaient donc leur rituel en toute discrétion, pour éviter de se faire tuer si leurs secrets étaient découverts. Dans la croyance Vaudou, on dénombre également de nombreuses divinités, mais la divinité connue sous le nom de Mawu est considéré comme le dieu suprême dans cette croyance africaine. Dans les cultes Vaudou, Mawu est une divinité qui n’est représentée par aucun objet. Selon le culte vaudou, Mawu n’intervient pas directement dans la vie des adeptes de cette croyance traditionnelle, mais intervient plutôt par l’intermédiaire de certains esprits invisibles appelés Lwas. Contrairement à la divinité suprême, les Lwas, esprits à travers lesquels se manifeste Mawu, ont des représentations inanimées sur cette terre. Les Lwas sont le plus souvent symbolisés par les objets de la nature, des arbres pour la plus part du temps, mais aussi par des pierres. Les esprits dans le culte Vaudou sont considérés comme de petites divinités qui intercèdent auprès de la divinité suprême pour satisfaire les prières des croyants Voodoo. Parmi les esprits invisibles les plus connus dans cette croyance religieuse africaine, on distingue Erzulie, qui est la déesse chargée de l’amour, Ogoun Zobla esprit de l’intelligence absolue, Hevioso, la divinité chargée de l’orage. L’esprit Legba, bien souvent appelé Papa Legba, est une divinité très importante dans l’accomplissement du rite Vaudou. En effet, c’est l’esprit Legba qui a pour charge de communiquer avec la divinité suprême, donc d’intercéder auprès de Mawu pour les adeptes du culte vodoun. Dans la croyance Vaudou, Damballa, l’esprit de la connaissance, est symbolisée par un serpent Boa. Parmi les divinités incontournables dans le culte Vaudou, on pourrait aussi citer la déesse des mers Mami Watta. Certains adeptes du Vaudou consacrent à cette divinité même une prière spéciale. En plus d’être beaucoup vénérée au Togo, Mami Watta est aussi vénérée dans les pays d’Afrique centrale comme au Congo Brazzaville, au Cameroun et même par un autre pays de la sous-région ouest africaine, à savoir le Nigéria. Le culte Vaudou a inspiré de nombreux films hollywoodiens. Le réalisateur américain Tom Holland a bâti l’intrigue principale de sa Saga « jeux d’enfants », communément appelé ‘‘Chucky La Poupée’’, sur le culte vaudou. A l’article de la mort, Brad Dourif qui incarne Chucky dans la saga, échappe à une mort certaine en se réincarnant dans une poupée après l’accomplissement d’un culte Vaudou. S’il a réussi à échapper à la mort, Brad Dourif a dû sacrifier son corps humain pour vivre désormais dans celui d’une poupée. Pour reprendre son apparence humaine, chucky se lance donc à la quête d’un jeune homme connu sous le nom d’Alex dans le film, sans pouvoir arriver à ses fins. Outre la Saga Jeu d’enfants, la religion Vaudou a aussi inspiré de nombreux films dont L’Emprise des ténèbres de Wes Craven, I Eat Your Skin de Del Tenney ou encore le long-métrage d’animation La Princesse et la Grenouille produit par Disney.

La religion Dogon

Les Dogons sont situés au Mali, au Niger, au nord du Burkina Faso, d’autres se sont installés en Côte d’Ivoire. A l’instar de la religion Vaudou, la croyance religieuse Dogon repose aussi sur une divinité suprême. Selon les adeptes de ce dogme traditionnel africain, le dieu suprême qui est à la base de toute création se nomme Amma. Selon la mythologie Dogon, le dieu absolu était à l’origine un œuf qui a par la suite été scindé en quatre parties. Ici les quatre parties dont il est question représentent quatre éléments fondamentaux de la nature : l’eau, l’air, le feu et la terre. D’après le culte dogon, les premiers hommes ayant peuplés la terre s’appelaient Andoumboulou. Leur particularité, ils étaient immortels et pouvaient prendre l’apparence de serpents pour aller se retrancher dans des grottes. Dans la tradition dogon, Arou est considéré comme l’un des quatre ancêtres. Selon la mythologie de ce peuple, Arou a été abandonné par son frère aîné Dyon en cours de route. Mais Arou rencontra par la suite une vieille femme qui lui conférera de nombreux pouvoirs surnaturels. C’est de ses pouvoirs surnaturels que les adeptes de la religion Dogon se servent pour contrôler certaines forces de la nature comme la pluie et le vent, etc… Dans la croyance Dogon, le crocodile est considéré comme un animal sacré. A l’instar du crocodile, le renard et le serpent sont aussi considérés comme des animaux sacrés. Il est donc formellement interdit à tout personne aux croyances fondées sur ce dogme de tuer ces trois animaux.

La religion selon les Massai

Les Massai sont un peuple d’éleveurs principalement répandus dans plusieurs pays d’Afrique de l’Est. Historiquement, ce peuple de nomade vient du Soudan, même s’il est aujourd’hui installé au Kenya principalement. On dénombre dans ce pays environ 841 000 Massaï. Ce peuple d’éleveurs croit en un dieu dont la présence couvre les cieux et la terre. En-Kai est le nom de la divinité suprême en laquelle croient les Massai, mais cette divinité se présente sous deux formes. En-Kai narok est lui un dieu noir qui symbolise le bien tandis que le dieu En-Kai nanyokie, est tout l’opposé du dieu noir, à savoir une divinité de la colère, de la maladie, et de la sécheresse. Selon la croyance religieuse chez les Massaï, le dieu EnKai ou En-Kai est celui qui a doté le peuple massaï de tout le bétail dont il dispose. Ces derniers affirment donc que toute personne possédant du bétail et qui ne serait pas membre de leur clan les aurait dérobé aux Massaï. Plusieurs conflits mortels sont nés de cette croyance religieuse dans les régions occupées par les Massaï. Selon la croyance religieuse des Massaï, le ciel et la terre formaient un bloc uniforme au départ. Quant à la nature de la divinité enkai, les massaï laissent entendre qu’il s’agit d’une divinité à la fois masculine et féminine. Et comme de nombreuses religions traditionnelles, celle des Massaï s’efface à peu à peu sous l’influence de nouvelles religions. Aujourd’hui, nombres de Massaï se sont convertis dans la religion chrétienne, délaissant les pratiques culturelles et le mode de vie traditionnelle pour la vie occidentale.

La religion Yoruba

La religion yorouba présente de nombreuses similitudes avec la religion Vaudou et cela à différents niveaux et s’étend du sud-ouest du Nigeria aux régions adjacentes du Bénin et du Togo. Tout comme le Vaudou, cette croyance religieuse a été importée vers d’autres contrées, notamment vers les caraïbes, lors de la déportation des esclaves noirs pendant la traite négrière. Dans la religion Yorouba, les orishas représentent de nombreuses divinités. Mais la divinité suprême dans cette croyance religieuse se nomme Obatala connu aussi sous d’autres appellations : Oshala, Oxala et Orishala. Cette divinité est considérée comme le créateur dans la mythologie Yorouba. Selon la croyance Yorouba, il existerait environ 600 orishas ou divinités. Dans l’impossibilité de pouvoir tous les énumérer, nous nous contenterons uniquement d’énumérer les dieux les plus connus ou les plus importants. La divinité Olorun est considérée dans cette croyance comme le dieu du ciel, Ogun est quant à lui considéré comme l’esprit du fer, Orunmila considéré comme l’esprit du destin. La divinité Yemonja ou Yamaya qui est aussi connue comme une divinité afro-américaine est l’esprit chargée de la fertilité. Ọsun est considéré dans cette mythologie comme étant l’esprit protecteur des enfants et des mères, Ọya est quant à lui considéré comme l’esprit chargé de garder les cimetières et de veiller sur les morts. Obatala qui est considéré dans la croyance Yorouba comme le dieu créateur est aussi similaire à Damballa dans la croyance Vaudou, à savoir l’esprit de justice. Eshu est considéré dans cette croyance comme la divinité chargée d’intercéder auprès de la divinité suprême pour les hommes. L’esprit Eshu est comparable dans une certaine mesure à Papa Legba qui, dans la croyance Vaudou, se charge aussi de jouer le rôle d’intermédiaire entre les êtres humains et la divinité suprême. Si la religion Yorouba a fait l’objet de nombreuses recherches sur le plan international, elle est cependant loin des 50 millions d’adeptes que l’on dénombre dans la croyance traditionnelle Vaudou.

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