Rwanda : La réforme constitutionnelle de trop

Amani Georges

Le président Paul Kagamé se rend à nouveau éligible grâce à la modification des lois du pays

La chambre du sénat rwandais a entériné un projet de lois autorisant Paul Kagamé à se présenter de nouveau aux futures échéances électorales prévues pour 2017. Le chef le d’état rwandais, déjà sous le coup de sanctions internationales adopte à travers cette mesure une posture qui pourrait être préjudiciable pour le pays. Cette nouvelle tendance de réforme constitutionnelle en vogue sur le continent africain est une sérieuse entrave au processus démocratique prôné par les grandes nations. Il va sans dire que l’actuel président, à l’instar des pays africains ayant adopté cette mesure, court le risque d’être visé par des sanctions internationales. Et les premières réactions ne se sont pas fait attendre.

Une décision fermement condamnée par l’opinion internationale

Dès la promulgation des textes permettant à Paul Kagamé de briguer la magistrature suprême du pays, les réactions à l’encontre de cette atteinte à la démocratie se sont vite manifestées, et non des moindres. La Grande-Bretagne, par le passé avait d’ores et déjà affiché son opposition catégorique à cette idée mettant sérieusement en péril les valeurs démocratiques universelles. Et les Etats-Unis, l’un des principaux alliés du président rwandais n’a pas manqué de souligné ses vives inquiétudes liées à une prochaine candidature de Paul Kagamé. Mais ces condamnations ne seront sans doute pas assez convaincantes pour rappeler à la raison le président rwandais longtemps visé par des sanctions internationales. Pour faire plier cet homme inflexible, l’opinion internationale aura certainement intérêt à intensifier ses actions.

Vers un durcissement des sanctions à l’égard du Rwanda ?

Face à l’intransigeance d’un Paul Kagamé déterminé à se représenter aux prochaines élections présidentielles qui auront lieu dans deux ans, un renforcement des mesures déjà prises à l’encontre du pays est une option qui sera probablement mise en vigueur par la communauté internationale. Sur le plan diplomatique, le pays court le risque d’être frappé par une rupture de relations internationales avec les grandes nations. Ce serait un véritable coup dur pour les rwandais quand on sait combien les pays africains dans l’ensemble, dépendent fortement des aides financières européennes et américaines. A cela s’ajoute un possible embargo susceptible d’asphyxier une économie rwandaise plus ou moins instable. Si ces mesures s’avèrent insuffisantes et que la population affiche sa ferme opposition à ce coup d’état constitutionnel, l’option militaire pourrait être envisagée pour faire entendre raison au président rwandais.

Le spectre d’un nouveau bain de sang politique ?

Des exemples de lutte pour la préservation de l’héritage démocratique sont encore d’actualité, à l’image du peuple burkinabé qui s’est levé contre l’imposture et la forfaiture de Blaise Compaoré. Certes, cela lui a valu de plonger dans une véritable crise politique entachée de violence et de meurtres, mais les burkinabés ont préservé l’essentiel qui est le choix de l’alternance. Dans le contexte politique actuel du Rwanda, un tel scénario aurait des conséquences plus dramatiques, car les séquelles du génocide demeurent encore dans les esprits. Si le pays essaie tant bien que mal de recoller les morceaux d’un tissu social très fragile, la menace d’un regain de tension politique est toujours réelle.

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