S’il existait des microbes indispensables à notre organisme ?

by Tatiana Agostino

Et pourtant Leurs seuls noms suffisent à nous mettre mal à l’aise comme s’ils rimaient toujours avec maladies. Par le terme microbes, nous entendons bien sûr les bactéries, les virus, les champignons, les archées, les levures ou encore les protistes.

Tous ces micro-organismes ne sont les bienvenus en nous. Ils sont envahissants, dévastateurs, catastrophiques, mortelles. Du reste c’est ce que l’on pense généralement des microbes. Cette perception de ces minuscules êtres vivants, n’est pas tout à fait juste. Tous les microbes ne sont pas forcément nuisibles à l’organisme de l’être humain. Tout le monde a déjà entendu, plus ou moins, qu’il existe des microbes amis de l’homme. On nous conseille souvent de ne pas prendre l’habitude de trop se laver. Cette idée parait saugrenue pourtant elle est fondée sur des constatations médicales. Nous n’irons pas jusqu’à conseiller à chacun d’adopter de porcs, mais il est vital de laisser prospérer des microbes en nous. Toutefois il ne faut pas faire d’amalgame car ici nous parlons des bactéries immunitaires. Notre organisme abrite des milliards et des milliards de bactéries qui constituent des défenses naturelles. Ces petits organismes, invisibles à l’œil nu, peuplent certains de nos organes et contribuent à notre bien-être. Eh oui, croyez-le, il existe des microbes qui nous font du bien et on les appelle les microbiotes. Ces microbes, de diverses natures sont les petits soldats au service de la mécanique humaine. Chacun d’eux a un rôle précis dans l’organisme, un rôle que nous ne soupçonnions même pas. Synthétisation des vitamines, dégradation des aliments, protection contre les agents infectieux ou limitation de la prolifération des mauvaises bactéries sont quelques-uns de ces rôles. Il est temps pour vous de faire connaissance avec cet écosystème immunitaire exceptionnelle. Découvrez donc les microbiotes, les bactéries indispensables au bon fonctionnement de notre organisme.

Sommaire :
Le microbiote, une spécificité pour chaque individu
Le microbiote de la flore digestive
Le microbiote de la flore vaginale
Le microbiote de la flore cutanée
Le microbiote de la flore respiratoire

Le microbiote, une spécificité pour chaque individu

L’organisme humain dispose de défenses qui le protègent des agents pathogènes et des virus. Ces défenses-là sont nombreuses et nous pouvons citer les globules blancs, mais aussi les microbiotes. Tout comme les globules blancs de notre sang, les microbiotes participent à la neutralisation des agents ennemis. Ces bactéries gentilles, pour parler comme un enfant, forment une barrière protectrice contre les agents pathogènes, les virus et les microbes. L’on sait combien ces corps étrangers sont dévastateurs quand ils investissent nos organes. Les bonnes bactéries de notre organisme, les microbiotes, ont pour rôle de détruire ces mauvaises bactéries, les agents pathogènes. L’action de ces bactéries appelées microbiotes est variée car elle porte autant sur le métabolisme, la synthèse des vitamines que sur la dégradation des aliments au niveau de l’intestin. Selon leurs lieux de résidences, on les appelle les microbiotes vaginaux, intestinaux, cutanés ou oropharyngés. Les microbiotes sont communs à tous les êtres humains. Les grandes familles vaginales, intestinales, cutanées et oropharyngés sont présentes chez chacun de nous. Néanmoins le patrimoine microbiotique n’est pas tout à fait le même, d’un individu à un autre. Les microbiotes fonctionnent comme notre empreinte digitale ou notre ADN. Il n’y en a pas deux identiques sur terre, même si vous êtes des jumeaux ou des frères siamois. Les microbiotes n’ont donc pas tous la même identité génétique. Cela est dû au fait que le patrimoine microbiotique se construit tout au long de notre enfance. D’abord quand nous naissons nous héritons des bactéries vaginales de notre mère, qui sont aussi spécifiques. Pour les enfants nés d’une césarienne, ils tireront les premiers éléments de leurs patrimoines microbiotiques dans les bactéries cutanées de leurs mères. Ensuite, à la rencontre d’autres enfants, ils enrichiront cet écosystème microbiotique qui sera leur empreinte immunitaire. Nous sommes donc d’accord avec Antoine De Saint-Exupéry, même si le contexte n’est pas le même, quand il dit que : « Si tu diffères de moi, mon frère, loin de me léser, tu m’enrichis ». Le professeur Jacques Croizé a d’ailleurs souligné que cet enrichissement de notre microbiote se fait dès la crèche, au contact d’autres enfants. Nous ajoutons aussi qu’il se produit lors des jeux avec les petits camarades. L’organisme de l’enfant découvre d’autres types de bactéries aux contacts des autres. Cette interaction fixe la singularité de son microbiote qui deviendra une sorte de signature génétique. Comme on l’a dit, elle est propre à chaque être humain, ce qui rend chacun de nous encore plus singulier. On l’a dit plus haut, le microbiote se divise en quatre grandes familles que sont le microbiote digestif ou intestinal, le microbiote vaginal, le microbiote cutané et le microbiote respiratoire ou oropharyngé.

Le microbiote de la flore digestive

La première bactérie indispensable à notre organisme est le microbiote digestif ou microbiote de la flore digestive ou encore microbiote intestinal. Le microbiote digestif se trouve bien évidemment dans le tube digestif. Il faut savoir que 85% de nos cellules immunitaires vivent dans l’estomac. C’est donc un organe très crucial dans le bien-être de l’homme. Lorsque tout va bien à ce niveau, l’organisme va aussi bien et l’être humain jouit d’une santé de fer. On retrouve le microbiote intestinal aussi bien dans l’estomac, que dans l’intestin grêle, le côlon et le gros intestin. Toutefois la population bactérienne n’est pas la même dans ces quatre organes qui constituent notre appareil digestif. Il y a une forte population bactérienne dans l’intestin grêle, le côlon et le gros intestin tandis que dans l’estomac il y a très peu de microbiotes. Cela est dû essentiellement à la forte acidité qui caractérise ce milieu. Environ 800 à 1000 espèces de bactéries fréquentent le microbiote intestinal. L’on compte environ 100 milliards de bactéries issues de différentes familles dont les plus connues sont les Firmicutes et les Bactéroidetes. La qualité de notre microbiote est fonction de notre alimentation et de notre hygiène de vie. En effet, certaines bactéries sont plus enclines à vivre dans un milieu plus propre, quand d’autres préfèrent le contraire. Egalement, selon qu’on soit végétarien ou omnivore, il y a des types de bactéries qui prospèreront dans notre appareil digestif. De fait, tous les microbes n’ont pas la même fonction dans l’organisme humain. Il y en a qui sont faits pour dégrader les aliments, d’autres pour intervenir dans la production d’anticorps ou pour produire des hormones et certaines pour synthétiser les vitamines de nos aliments. Il faut toujours veiller à ce que la flore intestinale ou digestive soit équilibrée. Il y va de votre santé car, comme nous l’avons dit, la quasi-totalité de nos cellules immunitaires se trouvent dans ce milieu. Malheureusement à cause de certains facteurs comme le stress, la dépression, le changement d’habitude alimentaire ou la prise d’antibiotique, il peut apparaitre un déséquilibre du microbiote intestinal. Si la flore intestinale est déséquilibrée, il s’en suit irrémédiablement des problèmes intestinaux. Ce dysfonctionnement est à l’origine de petites infections comme des maladies plus graves. Ainsi, si on s’en sort à bon compte, nous pouvons souffrir de ballonnements du ventre ou du syndrome du côlon irritable. Dans le pire des cas certaines maladies sérieuses peuvent se manifester, à savoir le diabète, l’asthme, l’allergie, l’obésité, la dépression, l’autisme et bien d’autres encore. L’on peut éviter ces désagréments en maintenant une alimentation riche et fortement variée. Il faut aussi veiller à manger beaucoup de fruits et de légumes et tout autre aliment riche en fibres. En résumé il faut avoir une hygiène alimentaire très bonne et stable. Le deuxième microbiote qui ne nous veut que du bien est logé dans la flore vaginale.

Le microbiote de la flore vaginale

Le microbiote vaginal ou flore vaginale est le second microbe dont la présence est très bénéfique. La flore vaginale est l’ensemble des micro-organismes qui se trouvent dans le vagin. Ils permettent de limiter les infections en créant une compétition avec les germes pathogènes. La flore vaginale est composée de plusieurs bactéries dont les plus répandues sont les lactobacilles. Ces lactobacilles constituent 90% du microbiote vaginal et sont de toutes sortes. Il y a par exemple les lactobacillus crispatus et les lactobacillus grasseri. Les bactéries de la flore vaginale dépendent en grande partie des œstrogènes, sans quoi elles ne pourraient survivre ou se prospérer. Cette dépendance fait qu’il se produit de grandes perturbations hormonales lorsque survient certains événements du calendrier biologique féminin. Nous parlons par exemple de la puberté, du cycle menstruel, de la grossesse et de la puberté. Les lactobacilles contribuent à maintenir bas le pH du milieu vaginal tout en empêchant la prolifération des mauvaises bactéries. L’autre partie du microbiote vaginal a un rôle tout aussi important dans l’équilibre de la flore vaginale. Quand les mauvaises bactéries sont plus nombreuses que les bonnes bactéries, on parle dans ce cas de déséquilibre du microbiote vaginal. Ce déséquilibre peut être dû à plusieurs facteurs que sont le stress, le tabagisme, le port de vêtements trop serrés, certains moyens contraceptifs et un excès d’hygiène ou l’usage de produits non adaptés pour la toilette féminine. Tous ces comportements peuvent engendrer des infections urinaires, vaginales, des mycoses et de nombreuses autres infections. Pour éviter ces désagréments il faut avoir une hygiène intime adéquate, utilisez les savons sans parfums et aux pH adaptés, changez de sous-vêtements tous les jours, limitez à deux vos toilettes intimes par jour. Le meilleur conseil qu’on puisse vous donner c’est de consulter régulièrement un gynécologue. Seul votre médecin saura l’hygiène adéquate à laquelle vous soumettre et pourrait vous prescrire les probiotiques qu’il vous faut en cas d’infections. L’hygiène intime de la femme est très importante, pas seulement pour le bon fonctionnement de son microbiote vaginal, mais aussi pour son bien-être général. Chaque mère lègue une partie de ce microbiote à son enfant, à la naissance, si elle l’a conçu par voie vaginale. Si c’est par la voie de la césarienne, alors l’enfant héritera de sa flore cutanée.

Le microbiote de la flore cutanée

Le microbiote cutané ou flore cutanée, comme son nom l’indique, se trouve sur toute la surface de la peau. Le microbiote cutané est la communauté de micro-organismes opportunistes, saprophytes, souvent symbiotes et parfois pathogènes qui composent la « flore cutanée ». Contrairement aux précédents microbiotes, le microbiote cutané est la partie extérieure, superficielle du microbiote de l’organisme de l’être humain. Ce microbiote qui se nourrit de sébum et de kératinocytes morts constitue la première defense du corps humain et joue un rôle protecteur contre les germes infectieux. La flore cutanée recouvre donc toute la couche superficielle du corps humain, aussi appelée épiderme. Cependant toutes les parties du corps n’ont pas la même population bactérienne. Certaines zones du corps, très humides, comme les aisselles ou la plante des pieds hébergent plus de bactéries que d’autres. Il y a même des peaux très bactériophages, qui attirent plus de moustiques que d’autres. C’est que leur flore cutanée est essentiellement composée de Firmicutes, de Protéobateries et de d’Actinobactéries. Ce microbiote cutané est aussi à la base de l’état de la peau, surtout à un certain âge. Chez les adolescents l’on note la forte présence de la Proprionibacterium responsable de l’acné. Dans le même temps on a une forte concentration de levure dans le cuir chevelu. Or chez les personnes plus âgées, cette bactérie se raréfie avec le temps. L’abondance du cuir chevelu est aussi fonction du climat, c’est pourquoi l’on observe une différence entre les races et les groupes ethniques. Pour entretenir notre microbiote cutané il est important de suivre aussi scrupuleusement une hygiène de vie. Il faut régulièrement se laver, mais pas d’une manière excessive. Se laver à tout bout de champ fragilise le microbiote cutané qui n’est plus apte à défendre convenablement votre peau et votre organisme quand il est agressé. Lors de vos toilettes, optez pour des savons pas trop parfumés et qui ont un pH neutre. En outre ces savons ne doivent pas contenir de produits chimiques tels que les colorants. Ceux-ci endommagent la peau puis créent des séquelles sur la flore cutanée. Si vous avez des acnés suivez un traitement adéquat simple ou combiné. Vous pouvez utiliser des crèmes hydratantes, des antibiotiques locaux, des produits contenant de la vitamine A. Enfin nous avons le quatrième microbiote, important comme tous les autres, pour notre équilibre immunitaire. Il s’agit du microbiote de la flore respiratoire aussi dénommé microbiote oro-pharyngé.

Le microbiote de la flore respiratoire

Le microbiote de la flore respiratoire ou microbiote oro-pharyngé est encore peu connu des chercheurs et des médecins. Sa découverte serait récente car l’on aurait identifié, exactement, la composition du microbiote respiratoire en 2010. Le microbiote pulmonaire se situerait principalement dans le nez, la gorge et les poumons. Ces bactéries sont comme les défenses naturelles de ces voies respiratoires. Lorsque les mauvaises bactéries rentrent dans ces organes, le microbiote respiratoire les en expulse. Comme les bactéries de cette flore ont élu domicile dans ces organes, elles en ont fait leurs quartiers généraux. Impossible de déloger ces bonnes bactéries à moins que vous soyez une infection sévère. Cette population bactérienne se compose de plusieurs opportunistes majeurs dont les Staphylocoques dorés (orifices nasales en particulier), les Streptocoques, les Haemophilus, les Neisseria, les Branhamella catarrhalis, les Anaérobies, les Corynébactéries et les lactobacilles. Ces microbes qui ont envahi nos fosses nasales, notre gorge et nos poumons, sont d’un secours inestimable. Ils ne sont pas malveillants, ces sont des envahisseurs avec de bonnes intentions. Ces opportunistes ne font que coloniser des parties de notre corps qui ont besoin d’être colonisées pour ne pas tomber sous le joug de méchantes bactéries. Lorsque la flore respiratoire est infectée par de mauvaises bactéries, plusieurs maladies se déclenchent. Ces maladies ou infections respiratoires sont entre autres, l’asthme, la toux ou encore les bronchites. Les bronchites et l’asthme sont les infections pulmonaires les plus courantes chez tous les individus. En cas de contagion, appliquez quelques bons soins et vous en serez très vite débarrassés. Ainsi, sachons que nos organes respiratoires sont occupés par une population innombrable de petits microbes qui travaillent au bon fonctionnement de notre corps. Ce sont ces bactéries utiles qui nous permettent de guérir de quelques infections respiratoires bénignes sans qu’on ne fasse vraiment d’efforts. A l’instar de ce microbiote respiratoire, nous avons toute une population microbienne dans tout le corps humain. Le microbiote intestinal, le microbiote vaginal, le microbiote cutané et le microbiote respiratoire travaillent de concert pour nous construire une immunité à toute épreuve. Par conséquent les microbes ne riment pas forcement avec les maladies et les infections désastreuses. Il y a bel et bien des microbes qui nous veulent du bien. Ce sont nos amis, nos compagnons jusqu’au bout de la vie. C’est pourquoi il faut leur laisser de la place dans notre organisme pour qu’il puisse bien s’installer. Il ne s’agit pas de pactiser avec les microbes qui nous entourent, mais de veiller à ce que nous n’endommagions pas ceux que la nature nous a offerts pour notre protection. Ceux-là ils font partie de notre système immunitaire. Ils n’ont absolument rien à voir avec ces microbes nuisibles qui se trouvent dans chaque recoin de la nature, dans nos poubelles, dans le pain qui tombe au sol, dans la boue sur notre chemin. Non il ne s’agit pas de ces microbes ennemis là.

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