Ce parasite, du genre plasmodium, se propage essentiellement par la piqure de certaines espèces de moustiques que sont les anophèles. A ce jour, le paludisme est l’une des maladies les plus mortelles du monde avec plus de 207 millions de cas dont 627.000 décès par an. Du fait de sa zone d’influence, le paludisme est devenu, par la force des choses, une maladie typiquement africaine.
En effet, avec 80% des cas enregistrés, l’Afrique, principalement l’Afrique subsaharienne, est la région du monde la plus touchée. La végétation tropicale, la pauvreté et les conditions sanitaires désastreuses y sont pour beaucoup dans l’expansion de cette parasitose. Elle sévit particulièrement dans certains pays d’Afrique en proie à des conflits et à un chaos généralisé. Les victimes du paludisme sont majoritairement les enfants de moins de 5 ans et es femmes enceintes du fait de leur vulnérabilité physique et biologique. Bien que la maladie soit devenue un sujet d’inquiétude pour l’espèce humaine au 20e siècle, le paludisme sévissait déjà il y a des siècles voire des millénaires. Cependant il a fallu attendre le 6 novembre 1880 pour découvrir officiellement l’origine de la parasitose grâce à Alphonse Laveran, médecin de l’Armée Française à Constantine en Algérie. C’est Ronald Ross, médecin britannique qui prouva que les moustiques anophèles étaient responsables de ce qu’on appelait alors la malaria. Depuis cette époque, les recherches médicales et scientifiques ont permis de faire de grands progrès dans la lutte contre la pandémie. Les experts de l’Organisation Mondiale de la Santé pensent que, d’ici à 2030, la maladie pourrait être vaincue grâce aux dernières découvertes. De telles prédictions ne peuvent que nourrir de grandes espérances dans les pays où le paludisme fait des ravages depuis des décennies.
Sommaire :
Aux origines du paludisme
Le Paludisme vient du latin « palus » qui signifie «marais », une appellation qui rappelle le préjugé qui entourait la parasitose dans les temps passés. Le paludisme est aussi surnommé malaria, un terme qui vient de l’italien « Mal’aria » littéralement « mauvais air ». Le paludisme affecterait les hommes depuis au moins 50.000 ans avec le même agent pathogène. Cette maladie ancestrale est présentée comme l’une des plus mortelles que l’Humanité n’a jamais connues avec la peste noire. Des épidémiologistes estiment que le paludisme pourrait être la cause de l’extermination d’une grande partie de la population humaine, il y a des milliers d’années. Une étude ADN des restes de Toutankhamon a montré, par exemple, sans l’ombre d’un doute, que le pharaon était atteint du paludisme au moment de sa mort. Quelques années avant notre ère, des médecins traditionnels indiens évoquaient déjà la maladie et l’associaient même aux moustiques. Il y a 10.000 ans, le paludisme s’est propagé assez rapidement à cause de la sédentarisation des êtres humaines, mais aussi et surtout à cause des changements climatiques dus à l’agriculture. Il faudra attendre le 19e et le 20e siècle pour voir la science étudier plus concrètement la maladie. Le parasite de la malaria a évolué en même temps que ses vecteurs, les moustiques, à travers les grandes périodes migratoires en Afrique et en Eursasie. L’on pense que le paludisme a atteint le continent américain par le biais des esclavages noirs et leurs maîtres lors de la traite négrière. Comme dans le cas du VIH-SIDA, le paludisme a une origine simienne. De fait, le parasite de la malaria est présent chez les chimpanzés avec lesquels les hommes partagent 99% au moins de leurs gènes. Ce parasite s’appelle le plasmodium falciparum, le plus présent chez les hommes infectés.
Causes et épidémiologies
Le paludisme est essentiellement localisé dans les régions tropicales à savoir l’Afrique subsaharienne, l’Asie du sud-est et l’Amérique latine. Avec au moins 80% des cas détectés, l’Afrique est largement le continent le plus touché. Aujourd’hui, la maladie est totalement éradiquée en Europe sans une réelle lutte contre le paludisme sur le terrain. En France par exemple, l’on estime que sa disparition est due à l’assèchement des marais. La malaria est endémique en Afrique subsaharienne, particulièrement en Afrique de l’est et du centre. Elle s’attaque essentiellement aux enfants de moins de 5 ans et aux femmes enceintes à cause de la vulnérabilité de leur placenta. Le paludisme est transmis à l’homme par les parasites du type plasmodium inoculés par les moustiques du genre anophèles. Le parasite qui touche le plus les êtres humaines est le Plasmodium Falciparum. Les deux autres formes sont le Plasmodium Malariae, le Plasmodium Ovale et le Plasmodium Vivax. Le Plasmodium Falciparum représente 80% des cas de paludisme et 90% des décès enregistrés. Le Plasmodium Falciparum se présente sous la forme d’un protozoaire, constitué d’un cytoplasme entourant une vacuole nutritive qui contient à son tour un noyau rouge et du pigment. Le Plasmodium est inoculé par le biais du moustique anophèle femelle. Si le male se nourrit de nectar, la femelle préfère le sang d’où son qualificatif d’hématophage. Elle se nourrit la nuit mais commence à chercher son repas dès le crépuscule. Attirer par les émanations corporelles, l’humidité et certaines substances comme l’alcool, l’anophèle se gave de sang. Une croyance, basée sur quelques résultats scientifiques, veut que certaines personnes attirent davantage les moustiques que d’autres. Il est aussi prouvé que les individus ayant déjà été infectés par le paludisme risquent plus d’être encore piqués, même plus d’une
fois.
Symptômes et signes cliniques chez le patient infecté
Les individus atteints de paludisme développent de nombreux symptômes dont la fatigue généralisée, la perte d’appétit, les vertiges, les céphalées, la diarrhée, la myalgie, des fièvres, des tremblements, des convulsions, des signes d’anémie, l’ictère et les troubles digestifs (nausées, vomissements, douleurs abdominales). Plus justement, lorsqu’on est atteint de malaria, l’on ressent des picotements et une sensation de froid suivie de frissons avec fièvre. La fièvre peut être périodique, toutes les 36 ou 48 heures, ou continue. Le paludisme grave, appelé faussement palu jaune ou ictère en Afrique de l’ouest, est une forme très dangereuse de cette maladie. Il se déclenche généralement après 14 jours d’incubation, ou si l’on veut, d’infection. Lorsqu’il n’est pas traité efficacement, ce paludisme dur peut entrainer le sujet dans le coma ou plus radicalement le tuer. Il est même rapporté, en Afrique tropicale, des cas de démence dus à ce « palu jaune ». Les enfants et les femmes enceintes sont les plus exposés du fait de la fébrilité de leur organisme. Aussi, le paludisme aurait des séquelles de type intellectuel sur les enfants. L’on parle alors de paludisme cérébral qui provoquerait des retards cognitifs suite à une anémie générale induisant des dégâts neurologiques.
Les traitements actuels contre la maladie
Les statistiques sur le paludisme indiquent que 1 patient sur 10 meurt du paludisme dans le monde. Dans certains cas, les traitements ne suffisent pas à cause d’une mauvaise anamnèse et un mauvais bilan clinique. Le traitement du paludisme évolue avec le temps tout comme le parasite construit une certaine résistance avec le temps. Des médicaments comme la chloroquine, la quinine, la SP ou encore la méfloquine, efficaces il y a trente ans, ne le sont plus de nos jours. Seuls les pays les plus touchés, majoritairement pauvres, utilisent encore ces remèdes dépassés. L’OMS considère qu’une thérapie est complètement désuète quand son taux d’échec est supérieur à 25% et elle est dite efficace si le taux ne dépasse pas 5%. L’OMS conseille donc aux pays d’Afrique subsaharienne de changer de protocole afin de répondre aux objectifs de lutte contre la malaria. Au regard de l’extrême adaptation des parasites aux médicaments, une nouvelle combinaison, à base d’artémisinine, a été mise au jour. Il s’agit de l’Artemisinin-based Combination Therapy, plus connu sous le sigle ACT. L’ACT a pour rôle d’augmenter l’effet de la première molécule et de retarder l’apparition de résistances. Depuis la réussite des phases cliniques de la première ACT en 2001, l’Organisation Mondiale de la Santé propose ce médicament comme le seul traitement médical recommandé.
Quel avenir pour la lutte contre le paludisme
L’OMS prédit que le paludisme, tout comme le VIH-SIDA entre autres, sera éradiqué d’ici 2030. Cette prédiction se fonde sur les recherches en cours qui seraient très encourageantes. De nouvelles voies sont explorées par des instituts de recherches dont la voie impliquant des peptides et des nouveaux composés chimiques. Les tests seraient en cours pour rendre ce médicament disponibles dans les plus brefs délais. Ils auraient un effet curatif par voie orale et seraient très prometteurs tout comme certains autres composés, à savoir ceux qui comprennent les azétidines bicycliques. Les recherches tant en pharmacologie pour les traitements qu’en vaccination anti-palu pour la prophylaxie vont à un rythme de plus en plus accéléré. Ce progrès fulgurant a été rendu possible grâce à des sponsors comme Médecins Sans Front ou la Malaria Vaccine Initiative. Les pays frappés par le paludisme peuvent espérer des lendemains meilleurs. L’éradication de la maladie en Afrique est donc en phase de devenir une réalité.