Aujourd’hui, on ne compte plus les nombreux témoignages qui remettent en cause l’utilité du Tramadol. Malgré les mises en gardes sur les effets secondaires, la consommation de l’anti-douleur franchit des seuils inquiétants, plus particulièrement en Afrique. 80 à 90% des consommateurs de cette substance sont des jeunes qui s’approvisionnent pour la plupart sur le marché noir. En juin dernier, les services de douane en République Fédérale du Nigéria ont mis la main sur une importante quantité de cet analgésique qui était destiné au marché noir. 35 conteneurs remplis de Tramadol ont été saisis par l’Agence Nationale de lutte contre les stupéfiants au Nigéria. En France, l’interdiction du l’anti-douleur dans le milieu du cyclisme sera aussi une réalité dès le mois de janvier 2019. Malgré la défiance, le médicament utilisé contre la douleur est plus que jamais prisée par la jeunesse africaine pour ses mille et une vertus thérapeutiques.
Comme de petits pains, le Tramadol se vend aujourd’hui dans presque tous les coins de rues des grandes villes d’Afrique de l’ouest. Pour s’approvisionner, plus besoin d’aller en pharmacie ou d’avoir une ordonnance médicale, les vendeurs ambulants de médicaments vous proposent cet anti-douleur au marché noir moyennant le prix de 100 frs Cfa. Pourtant en 2011, l’Agence Nationale de sécurité du médicament et des produits de santé lançait l’alerte sur ce puissant analgésique souvent utilisé par les sportifs, en l’occurrence les cyclistes. Cinq ans plus tard, l’Agence s’était prononcée en faveur du retrait et de la suspension de ce médicament anti douleur des rayons pharmaceutiques. Mais la consommation du Tramadol ne cesse de battre des records. Officiellement, il est pour l’instant difficile d’avoir des chiffres exacts sur la quantité de l’analgésique encore en circulation, puisqu’aujourd’hui la majeure quantité de ce médicament circule à travers le marché noir en Afrique de l’ouest et en Afrique centrale également. Il y’a de cela quelques mois, les services de douanes au Nigéria avaient réalisé une saisie record de 35 conteneurs de Tramadol visiblement destiné à l’approvisionnement du marché noir. Pour rappel, le Nigéria n’a toujours pas encore interdit l’antidouleur mais sa consommation est régulée par le ministère de la santé nigérian. Aujourd’hui, le continent africain représente l’un des plus vastes marchés de consommation de l’analgésique : «Sur les 5-6 dernières années, il y a eu une explosion de la consommation, et donc du trafic, de Tramadol dans la sous-région. On est passé d’environ 300-400 kilos de saisies dans la sous-région dans les années 2012-2013, et là on passe à plusieurs dizaines, voire centaines de tonnes. Donc il y a une vraie demande, un vrai marché.», souligne Pierre Lapaque, le représentant de l’office des Nations unies contre la drogue et le crime en Afrique centrale et de l’ouest. Aujourd’hui, même la région du Maghreb n’est pas épargnée malgré le coût un peu élevé de ce médicament comparé au prix zone subsaharienne.
Tramadol effets secondaires récurrents et morts en cascade
Selon les jeunes africains qui en consomment, le Tramadol décuple leur force et leur permet d’accomplir plus de tâches physiques que d’ordinaires. Certains y voient également en ce médicament un puissant aphrodisiaque capable d’améliorer les performances sexuelles de l’homme durant les rapports. Mais la récurrence des effets secondaires remet en cause les vertus dites thérapeutiques de l’antidouleur aux vertus quasi miraculeuses : «Ça provoque des hallucinations, de l’anxiété, ça a des implications en termes de comportement, des effets psychotiques, prévient Pierre Lapaque. Ce problème de santé publique a aussi des implications sociales, économiques, en matière de paix et de sécurité.», nous explique Pierre Lapaque. Les jeunes ayant expérimentés l’analgésique évoquent aussi comme effet secondaire une perte du poids et de nombreuses consulsions. Si les statistiques mondiales ne sont pas encore connues, rappelons que le Tramadol fait des ravages aussi importants que la cocaïne. Selon le pathologiste Jack Crane, le médicament a fait 240 morts en Grande Bretagne il y’a quatre ans.