Plusieurs ONG montent au créneau pour dénoncer les pratiques obsolètes de la justice
Six étudiants ont été condamnés le 10 décembre à Kairouan en Tunisie au motif de leur appartenance à la classe homosexuelle. La peine infligée par la justice tunisienne s’élève à 3 ans d’emprisonnement pour chacun des prévenus assortis d’une interdiction de séjour (5 ans) dans la ville située en plein centre du pays. Au mois de septembre, un étudiant originaire de Sousse avait lui aussi été condamné par la justice à un an d’emprisonnement pour homosexualité. 13 ONG sont montées au créneau pour critiquer vivement le verdict rendu à l’endroit des six étudiants. L’association Shams, une organisation qui se bat pour la reconnaissance du statut des gays a également crié au scandale et compte faire appel de cette décision considérée comme une violation du droit privé.
Une mise en examen inhumaine des accusés
Les treize organisations non gouvernementales à se prononcer contre la décision des autorités tunisiennes n’ont pas manqué de dénoncer les conditions de détention inacceptables des étudiants. Ces derniers auraient subi au cours de leurs arrestations à Kairouan un examen anal. L’acte posé par la justice a été qualifiée de ‘‘cruel, inhumain et dégradant’’. L’Ong Human Rights Watch va encore plus loin en affirmant par la voix d’Amna Guellali que les contrôle anaux des prévenus sont considérés comme des pratiques ‘‘dignes du Moyen-âge, avec une atteinte flagrante à leur vie privée et à leur intégrité corporelle’’.
L’article 230 : le texte qui divise
Réunis au sein du Shams, les homosexuels tunisiens militent pour une abrogation de cet article. A leur côté, plusieurs institutions des droits de l’homme prêtent main forte à l’association pour une dépénalisation de la loi 230 du code pénal du pays. On compte parmi les fervents défenseurs de la cause les ONG, Ramy Salhi du REMDH (réseau euro-méditerranéen des droits de l’homme), Mokhtar Trifi de Fédération internationale des droits de l’homme (FIDH) et aussi l’ancien ministre de la justice Mohamed Salah Ben Aïssa. Ce dernier avait été limogé au motif de s’être prononcé en faveur de la dépénalisation de l’article controversé. Quant au gouvernement, il reste ferme sur sa position de condamner fermement l’homosexualité.
Kairouan, une ville réputée pour sa sainteté
Kairouan est considérée comme la ville plus religieuse du pays. Elle abrite les plus grands édifices islamiques de la Tunisie : la mosquée du Barbier, la grande mosquée de Kairouan ou encore la mosquée des trois portes. Ces lieux hautement riches en symboles religieux témoignent du grand attachement de la population à la religion. Celle-ci condamne avec la plus grande fermeté la pratique. Dans un pays fortement islamisé, la reconnaissance du statut des homosexuels aura du mal à se frayer un chemin malgré les soutiens internationaux.