GREVE DES ENSEIGNANTS – Le mot d’ordre de la grève qui avait été instauré dans la semaine du 14 mai a été levé la semaine suivante par la Cosefci. Mais l’association syndicale essaie toujours de garder un moyen de pression sur le gouvernement puisqu’à l’issue d’une nième assemblée générale, les syndicalistes ont opté pour la rétention des notes des élèves.
Suspension de la grève oui, mais rétention des notes avant. Cette déclaration résume les deux importantes décisions arrêtées par la Cosefci la semaine dernière lors d’une Assemblée Générale extraordinaire. Après avoir laissé un mois au gouvernement pour les discussions, le syndicat était revenu à la charge en appelant les enseignants à observer un arrêt de travail du 14 au 17 mai dernier. Mais le constat sur le terrain a démontré que le mot d’ordre n’a pas été suivi par les professeurs. Craignant de voir sans doute ses revendications laissées pour compte cette année, le syndicat a tout de même décidé de garder un moyen de pression sur le gouvernement en bloquant les notes des élèves. En réaction à cette nouvelle stratégie mise en place, Ibrahima Kourouma, inspecteur général de l’éducation nationale.
La grève des enseignants en Côte d’Ivoire en cette fin d’année a eu très peu d’engouement visiblement. Au mois de mars, la Cosefci, principal syndicat engagé dans le bras de fer avec le gouvernement ivoirien, avait décidé de surseoir à sa grève pour laisser une chance aux négociations qui ont eu lieu sous la houlette du premier ministre. Mais bien avant que les conclusions des négociations ne soient connues, le syndicat a appelé les enseignants à une nouvelle grève dans la semaine du 14 mai. Mais ce nième appel à l’arrêt de travail n’a pas été suivi, comme c’était le cas lors des précédentes grèves lancées entre février et mars. Une semaine après, le syndicat décide de lever son mot d’ordre de grève à l’issue d’une Assemblée Générale Extraordinaire. Mais pour toujours avoir une marge de manœuvre dans ce bras fer contre le gouvernement, les enseignants grevistes ont également opté pour la rétention des notes, une situation qui risque de perturber cette fin d’année scolaire et impacter probablement les examens à grands tirage pour cette session. A l’occasion d’une conférence de presse, Ibrahima Kourouma, l’inspecteur général de l’éducation nationale, a déploré la rétention des notes des élèves, ce qu’il considère comme une forme déguisée de grève : «En réalité, les enseignants n’ont pas suspendu leur mot d’ordre de grève. Ils cherchent plutôt à sauver leurs salaires en faisant semblant de travailler… La coalition des syndicats du secteur éducatif/formation de Côte d’Ivoire (Cosefci) et ses membres commettent une faute professionnelle susceptible d’engager leur responsabilité administrative en s’attaquant au fondement même de l’école… C’est sûr que des sanctions suivront». Avant Ibrahima Kourouma, la ministre de l’éducation nationale avait mis en garde le syndicat d’enseignant sur de possibles représailles à cette nouvelle grève qu’ils envisageaient de lancer en cette fin d’année, sans avoir à s’étaler sur la nature des sanctions auxquelles s’exposaient les grévistes, alors que les négociations étaient toujours en cours selon la ministre.
La rétention des notes, un non-sens
«Dire donc que l’on retient les notes pendant qu’on prétend poursuivre l’enseignement est, au plan de la science et de la pratique pédagogiques, un non-sens car cela revient à amputer le processus d’enseignement- apprentissage de ce maillon indispensable. Cela conduit au non-respect de la déontologie de la fonction enseignante et revient à ruiner totalement l’action éducative… En choisissant de demander à ses membres de suspendre le mot d’ordre de grève tout en confisquant les notes des enfants, nos enfants, leurs enfants, la COSEF-CI s’attaque au fondement même de l’école. Tous les acteurs et partenaires de l’école ivoirienne doivent se mobiliser pour faire échec à cette forme de grève».