L’arrêt cardiaque de joueur est une triste réalité que l’on rencontre bien souvent sur les terrains de football. Le foot amateur de même que le football professionnel sont de moins en moins à l’abri de ce phénomène.
Les premières victimes d’infarctus du myocarde en sont les joueurs de football. Cependant il ne faut pas voir ces derniers comme étant les seuls sur lesquels plane cette épée de Damoclès. Même si le nombre de victimes semble minime, au regard des statistiques existantes, ce phénomène est à déplorer dans le monde du ballon rond. En parcourant le terrain de foot l’on découvre encore de nombreux cas très récent.
Ansou, un rendez-vous manqué avec la mort
Dans le Morbihan, l’un des arrières de l’équipe de football de Pluvigner a malheureusement été l’une des nombreuses victimes de ce malheur. Le dimanche 18 octobre 2020, étant sur le terrain de football pour se donner du plaisir et accomplir son devoir footballistique dans cette rencontre pour le compte de la coupe de Bretagne qu’il devait disputer contre le club le foot local, le défenseur des Kériolets, Ansou Sen, a été victime de ce mal tant craint et redouté : l’arrêt cardiaque. Le stade de Landaul fut pour ce dernier le lieu de faire face à une double confrontation : l’équipe de football locale d’une part, mais surtout les graves conséquences de l’infarctus.
Heureusement que tous les spectateurs présents ce jour dans les gradins n’étaient pas seulement là pour le spectacle. Simple coïncidence ou est-ce le cas à toutes les rencontres de foot ? Sans s’appesantir sur la réponse que l’on pourrait donner à cette interrogation, il faut signaler que le jeune Ansou Sen s’en est sorti de très peu. Sans perdre une seconde de plus quelques spectateurs sont rapidement descendus sur la pelouse pour lui prodiguer les premiers gestes de réanimation avant même l’intervention du personnel soignant. Après ces actes qui ont permis de sauver la vie du défenseur de 27 ans, il a été évacué d’urgence à l’hôpital de Vannes par hélicoptère. « Il est dans le coma. Voici ce que dit sa femme : l’état d’Ansou est stable. Elle en saura plus en fin d’après-midi après avoir pu rendre visite à notre roc. », comme pouvait l’expliquer le président du club de foot de la victime, M. Jérôme Georges à propos de la santé de son protégé.
Une telle situation n’a pas cessé de susciter de vives réactions chez les amoureux du ballon rond. De nombreux soutiens de la part d’autres clubs de football ont été adressés au jeune footballeur, mais également à sa famille, ses proches et à l’ensemble de l’équipe des kériolets. Le plus triste est que Ansou est loin d’être un cas isolé dans le monde du sport en général et particulièrement dans le domaine du foot. Les malaises cardiaques restent un phénomène à craindre sur le terrain. Si ce dernier a eu plus de chance d’être secouru à temps, il n’en est pas toujours ainsi. Qui ne se souvient pas des cas comme celui du camerounais Marc-Vivien Foé décédé dans des circonstances similaires à 28 ans ou encore Antonio Puerta et Patrick et Kang, Bruno Boban, Tioté Cheik et plein d’autres exemples qui foisonnent ? La liste est loin d’être exhaustive, et les cas sont légion. C’est l’ensemble du monde du foot qui est exposé à ce phénomène. Car, si les joueurs en sont les plus touchés, les arbitres sont également loin d’être à l’abri de ces malaises. Sur ce point, il est arrivé qu’au cours d’un match de foot amateur en Moselle entre la réserve de Farébersviller et celle de Creutzwald, un arbitre a été victime d’une crise du cœur [1].
Mais alors, pourquoi le taux de mortalité cardiaque est considéré comme élevé chez les footballeurs ? Pourquoi rencontrer encore ce genre de situation sur le terrain alors même que tous les sportifs font l’objet d’un suivi médical minutieux ? La prévention n’est-elle pas possible ? Ce sont autant de questions que se sont posées des chercheurs. Pouvoir y répondre par l’affirmative serait vraiment un ouf de soulagement pour le monde du foot. Mais hélas !
Les risques non détachables du métier
En dépit de toute l’attention accordée aux principaux animateurs du monde footballistique, au travers des soins et autres bilans de santé, « le risque zéro n’existe pas », d’après le professeur François Carré, cardiologue et médecin du sport au CHU de Rennes. « Il n’y a pas d’examen qui pourrait dire que ça n’arrivera jamais à un sportif. Il est très difficile de détecter certaines pathologies cardiaques même avec des électrocardiogrammes. C’était une maladie du cœur se manifeste par rien ! Aucun symptôme ! Et on comprend d’autant moins c’est mort subite. Mais on peut en réduire le nombre. » Il y a malheureusement une épée de Damoclès au-dessus de chacun de ces athlètes se trouvant sur la pelouse. Un risque imminent d’être victime d’une crise de ce genre plane sur les joueurs et autres acteurs sur le terrain. De quoi faire peur !
D’après une étude réalisée sous l’égide du professeur Sanjay Sharma à l’université St Georges de Londres, publiée dans le New England Journal of Medecine et relayée par Afrikmag, les jeunes sportifs courent un risque accru d’être victime d’une crise cardiaque à cause de l’arrêt soudain de leur cœur, qu’il ne cesse de battre et qu’il provoque une mort subite sur le terrain en l’occurrence. « Nous devons être extrêmement honnête et dire qu’il existe un risque de mort subite et que le taux de mortalité est faible, mais nous ne pouvons pas le prévoir », assure le professeur. Et ce, même si l’annonce peut parfois être compliquée à entendre lorsque l’on veut exercer le métier de footballeur : « c’est très difficile pour un jeune garçon qui en a rêvé et qui n’a fait que jouer au football dès l’âge de 8 ou 9 ans ». Et le chercheur de conclure : « si nous demandons aux jeunes de se dépasser pour nous divertir et être des modèles pour nos jeunes, nous avons le devoir de les protéger ». D’après l’étude mené, l’adrénaline, les modifications des électrolytes et la déshydratation augmente le risque de déclenchement d’un arrêt cardiaque. Comment s’y prendre dans ce cas ?
Mettre un point d’honneur sur la santé du cœur
Une surveillance rigoureuse est nécessaire de la part des médecins à chaque instant auprès de ces sportifs amateurs et surtout professionnels, des médecins qui insiste sur le fait que les maladies touchant le muscle cardiaque, les cardiomyopathies, sont des tueurs silencieux. Selon l’étude du professeur Sanjay Sharma, l’estimation s’établissait auparavant a moins de 2 sur 100000 joueurs qui mouraient d’une crise cardiaque. Ces chiffres démontrent que ce taux augmente sensiblement, puisqu’aujourd’hui on évalue que 7 footballeur sur 100000 trouve la mort de cette façon. Dans une déclaration à la BBC, le professeur qui a dirigé cette recherche explique que, bien que ces décès enregistrés soient faibles parmi les joueurs, ils ne cessent d’augmenter chaque année. « Cela signifie que nous devons ouvrir les yeux sur le fait que les taux de mortalité sont plus élevés que ce que nous pensions, même s’ils sont encore rares », a-t-il commenté.
À l’instar du professeur Sanjay, le professeur Carré estime qu’il faut faire des examens à l’électrocardiogramme (ECG) un automatisme pour tous les sportifs, sans exception aucune. Il faut que les sportifs professionnels ou même amateurs bénéficient de système de santé capable de déterminer et de détecter toutes les pathologies cardiaques enfouies à l’intérieur de chacun d’eux. Ce genre d’analyse est susceptible de révéler « 80 à 85% des maladies du cœur ». L’intérêt de faire ce type d’examen est énorme dans la mesure où ils permettent d’éviter d’être surpris par des malaises cardiaques sur l’aire de jeux. Cependant, pour éviter que de telles analyses soient frauduleusement contournées, il serait préférable de l’exiger ou même d’en faire un élément obligatoire pour l’obtention de la licence sportive. Malheureusement, cette manière de voir du professeur François Carré n’est pas partagée ou même appliquée par tous. Alors même qu’il en va ainsi du bien-être du sportif. Ce serait une manière de garantie une bonne santé des athlètes avant de s’engager sur le terrain. L’on va jusqu’à nourrir par moment des idées fausses. « On pense toujours que le sportif est en bonne santé parce qu’il fait justement du sport », explique-t-il. « Le sport réduit les risques cardiaques mais ne les élimine pas. Avec un ECG, on pourrait voir certaines pathologies et adapté en conséquence la pratique du sport et éviter une mort subite ». Cet examen cardiologique doit, selon les recommandations des professionnels de santé, être réalisé « tous les 3 ans entre 12 et 20 ans puis tous les 5 ans entre 20 et 35 ans. Après cet âge, « l’examen recommandé et le test d’effort, à discuter en fonction du type de sport et des facteurs de risques associés ».
La sensibilisation et l’éducation l’athlète
Il est impératif de sensibiliser voire d’éduquer les sportifs eux-mêmes sur l’intérêt qu’ils ont à respecter les examens cardiaques qui leur sont recommandés. Il n’est d’aucun avantage pour le joueur de chercher à contourner l’étape des bilans de santé du cœur. Au contraire, il se met en danger, il s’expose de la sorte à un probable arrêt cardiaque soit à l’entraînement soit en plein derby. Selon le professeur Carré, « il faut éduquer les sportifs. Il faut leur apprendre qu’on peut pratiquer un sport et être malade du cœur. On pourrait éviter 30 à 40 % des mort subites si les sportifs écoutent et respectent leurs symptômes : souffle court, tachycardie, étourdissement. Tout ça ne vient pas toujours du seul effort fournir. »
De son côté, afin d’éduquer les sportifs du monde du foot sur les symptômes d’un infarctus, la Fédération Internationale de Football Association (FIFA), instance suprême du football mondial, a initié auprès de ses athlètes plusieurs formations de mise à niveau. Ainsi, les principaux symptômes mise en avant au cours de ces formations sont les suivants : l’effondrement sans contact, la perte de connaissance et l’absence de réaction, une respiration en normal ou inexistante et les convulsions au mouvements myocloniques [2].
Former la population
Si le défenseur Ansou Sen a eu la vie sauve ce dimanche 18 octobre 2020, c’est bien sûr grâce à l’intervention de la population sur les premiers gestes de secours en cas de malaise cardiaque. Un tel résultats montrent que plus la population est formée sur les gestes à adopter en cas de crise cardiaque, moins l’on en meurt. Ce sont ces gestes simples comme le massage cardiaque et bien d’autres qui ont permis à deux supporters (un ambulancier et un infirmier) et des joueurs de sauver la vie de l’arbitre du match entre l’équipe de Farébersviller et celle de Creutzwald, le 18 octobre dernier en deuxième division de district. Les causes des morts subites des sportifs de plus de 35 ans sont mieux connues que celles de ceux en âge inférieur. Pour avoir de plus amples informations sur ce sujet, des recherches sont menées par les acteurs de la santé. Même si la crise sanitaire mondiale due à la Covid-19 semble ralentir l’avancée de ces recherches, il n’en demeure pas moins que le début de l’année 2021 promet de bonnes nouvelles sur cette question.