Quelques jours après le retour des médaillés d’or et de bronze des jeux olympiques, Rio 2016, les parents se bousculent aux portes des clubs de taekwondo dans la capitale économique Ivoirienne, pour inscrire leurs enfants, a constaté APA sur place.
La nouvelle générateur de médailles olympique en taekwondo déja en place. Britoua Le Roi Mekis dit Ohara (5 ans) arrive sur le terrain d’entrainement de la base de CIE (Compagnie ivoirienne d’électricité) dans la commune de Yopougon (Ouest d’Abidjan) vêtu d’un kimono blanc sanglé d’une ceinture jaune, range son sac d’entraînement sous un préau et se met à courir à petites foulées sur environ 100 m .
Ohara n’attend pas son maître pour se mettre en jambes. Après quatre tours, il s’incline devant Koukougnon Ange Michel (10 ans) avant de continuer ses exercices d’échauffement par des »lancés de coups de pieds, de coté, coup de face, circulaire, coup de pied vers l’arrière’’.
»Je viens de faire, successivement, le Yop tchagui, le Ap tchagui, le Tollyo tchagui, Tit tchagui », explique le gamin en classe de CE1 dans un lexique fort maitrisé.
Lorsque le maître Amoikon Kouakou Instructeur international ceinture noire 6ème Dan arrive, les élèves se dirigent vers lui pour s’incliner en guise de salutations, pieds croisés, mains rassemblées sur la poitrine. Ici, la discipline est de rigueur sinon la sanction tombe.
‘’Quand les enfants arrivent ils viennent saluer leur maître et leurs amis sinon vous êtes punis. Les samedis on leur enseigne le lexique c’est à dire l’ECM , l’historique du taekwondo, la philosophie du taekwondo qui est un art martial qui permet de calmer la violence et rechercher la paix. Quand on fait le taekwondo ce n’est pas de provoquer mais de savoirs se défendre et défendre les faibles’’, explique Me Amoikon.
Eugène Kouakou, 8 ans en classe de CE2 vient de faire son inscription. Tout ému, il va commercer son tout premier entrainement de taekwondo sous la direction de Me Amoikon.
‘’Quand j’ai regardé à la télé samedi, j’ai vu qu’ils ont organisé une fête pour Cissé et Ruth j’ai donc dit à maman que je veux être aussi champion en taekwondo pour qu’on m’organise aussi une fête. C’est comme ça que maman est venue m’inscrire à la base CIE de Yopougon ‘’, raconte Kouakou Eugène.
Les médailles d’Or et de Bronze décrochées par Cissé Cheick et Ruth Gbagbi ont suscité de l’engouement aussi bien chez les enfants que chez leurs parents qui, de plus en plus, inscrivent leurs progénitures dans les différents clubs à proximité de leur domicile.
‘’Nous avons 70 apprenants avec une vingtaine de filles.
Mes élèves payent 3000 F par mois et l’inscription s’élève à 5000 F. Nous recevons, au minimum une dizaine de coups de fil par jour. Ce sont des parents qui appellent pour prendre des informations d’inscription et ça depuis le samedi 27 août il ne se passe pas un jour sans que nous n’inscrivons un élève. Nous avons 25 nouveaux élèves à inscrire ‘’, se félicite Me Amoikon.
N’Gatta Asso gendarme est venu accompagner sa fille N’Gatta Serena, 8 ans, ceinture jaune pour qui la vision a changé depuis le retour des médaillés. N’Gatta est devenu plus ambitieux pour sa fille.
‘’Ma fille est ceinture jaune, depuis 4 mois qu’elle apprend. J’ai décidé de l’inscrire dans ce club, parce qu’il y a de la discipline dans ce sport mais aujourd’hui ma vision a changé avec ce qu’ on a vu aux Jeux olympiques. Je veux que ma fille soit championne et d’ici 2020 elle aura 12 ans je ne sais pas s’il y aura une catégorie de son âge mais je sais qu’elle a des performances et elle sera championne un jour », espère N’Gatta Asso.
‘’Comme on le dit, quand il y a une bonne nouvelle il y a toujours un impact positif sur nos activités. Bien avant la médaille, avec les différentes communications faites autour du taekwondo, on avait déjà beaucoup d’élèves.
Depuis que nous avons organisé l’arrivée de nos champions, nos téléphones sonnent à tout moment et en permanence. Les parents nous sollicitent pour que leurs enfants soient Cissé Cheick ou Gbagbi Ruth », explique Bathily Tahirou, ceinture noir 5è Dan, instructeur international, responsable de la jeunesse taekwondo club d’Abidjan, rencontré à son centre sis à Treichville, au Sud d’Abidjan.
‘’Nous avons une centaine d ‘élèves repartis en quatre sessions mais déjà pour ces deux derniers jours, nous avons plus de 10 nouveaux inscrits dont l’âge varie entre 4 et 15 ans. C’est du jamais vu’’, se convainc Me Bathily.
Selon lui, les médailles obtenues à Rio par Cheick Cissé et Ruth Gbagbi ont boosté la pratique du taekwondo en Côte d’Ivoire.
» Les médailles d’Or de Cheick et de Bronze de Ruth ont donné l’espoir au taekwondo ivoirien. Avec mes élèves dont l’âge varie entre 4 et 15 ans, nous nous sommes fixés l’objectif d’être à Tokyo en 2020 », projette Me Bathily révélant qu’un accord tripartite (parents, enfants et club) pour suivre les enfants jusqu’à 2020 a été signé.
Même les magasins de vente d’équipements d’arts martiaux connaissent, également, un engouement chez les jeunes apprenants et des parents à l’instar de Joseph Kouadio qui venait d’acheter trois tenues pour ses trois enfants dans une boutique de sport à Treichville.
‘’ Bon, les enfants aiment la mode. Ils m’ont dit qu’ils veulent faire du taekwondo comme leurs amis qui ont été inscrits il y a 3 jours et comme ils insistent je suis venu acheter leur tenues pour commencer’’, dit M. Kouadio à la satisfaction d’Aissata Tembelly, la commerçante qui ne cache pas sa »joie de voir les clients se succéder » dans sa boutique spécialisée dans la vente des équipements d’arts martiaux.
» Il y’a une amélioration dans notre chiffre d’affaires. Les vêtements de Taekwondo sortent, surtout ces derniers jours. Avant on pouvait vendre chaque 2 jours, 3 ou 4 tenues maintenant on peut vendre au moins 20 tenues.
L’ensemble équipements fait 85 000 FCFA. Autrefois, les gens trouvaient ça cher. Maintenant quand ils viennent ils ne discutent même pas, la tenue des enfants coûte 12000 F et pour les grandes personnes entre 25000 F et 40 000 FCFA, c’est selon la taille’’, précise-t-elle.
Le Chef de l’Etat Ivoirien a décidé que les médaillés ivoiriens aux Jeux olympiques de Rio (Brésil) 2016 et leurs encadreurs seront décorés et récompensés le 5 septembre prochain à hauteur de 380 millions de FCFA .
Douze athlètes ivoiriens, issus de 6 disciplines sportives, à savoir l’athlétisme, la natation, le judo, le Taekwondo, l’escrime et le tir à l’arc, ont participé aux Jeux Olympiques 2016 jeux qui se sont déroulés du 5 au 21 août dernier à Rio de Janeiro au Brésil.
L’Ivoirien de 23 ans Cheick Sallah Junior Cissé, triple champion d’Afrique et vice-champion du monde par équipe a battu (8-6) le Britannique Lutalo Muhammad, le champion d’Europe 2012, en finale du taekwondo dans la catégorie des -80 kg hommes.
De son côté, Ruth Marie Christelle Gbagbi a remporté toujours dans la même discipline (-67 kg dames) la médaille de bronze. La première médaille de la Côte d’Ivoire à ces jeux a été remportée en athlétisme par feu Gabriel Tiacoh en 1984. A ce jour, Cheick Sallah Junior Cissé est le premier et l’unique ivoirien médaillé d’or lors d’un grand prix.
Source:MC/hs/ls/APA