Les dix villes les plus belles d’Afrique inscrites au patrimoine de l’UNESCO

Kohan Kioshiko
Plaque mémorial du débarquement des missionnaires en 1895 (Bassam en Côte d'Ivoire).

Le continent africain, appelé berceau de l’humanité, regorge d’héritage de sites historiques. De la région subsaharienne en passant par le Maghreb, sans oublier la région australe, plusieurs sites et villes africaines ont été inscrites au patrimoine mondial de l’UNESCO, l’Organisation des Nations Unies pour l’Education, la Science et la Culture. Plusieurs critères ont été observés par l’Organisation avant d’intégrer ces cités africaines sur sa liste. Parmi les pays représentés, il y’a bien entendu la Côte d’Ivoire. Mais la capitale ivoirienne n’est pas la ville qui représente la Côte d’Ivoire dans ce top 10, il s’agit plutôt de l’ancienne capitale Grand-Bassam, aujourd’hui devenu une cité balnéaire très prisée par les touristes.

La liste des 10 plus belles villes d’Afrique classées au patrimoine mondial de l’UNESCO n’est pas exhaustive. Chaque année, l’Organisation des Nations Unies pour l’Education, la Science et la Culture inscrit sur sa fameuse liste de nombreuses mégalopoles sur recommandations. Bien entendu, comme ce fut le cas pour les villes italiennes du patrimoine de l’Unesco ou les belles villes de France, plusieurs critères sont observés avant que la cité en question ne soit reconnue comme un patrimoine mondial de l’Organisation des Nations Unies. Chaque année, le comité mondial de l’Organisation mis en place pour la circonstance passe au crible plusieurs demandes d’adhésion soumises par différents états du monde. Dix critères sont pris en compte par l’Organisations des Nations Unies avant de statuer sur l’entrée ou non de ces villes dans son patrimoine mondial. Pour qu’un site soit reconnu et inscrit sur la liste de l’UNESCO, le pays d’origine doit d’abord avoir au préalable ratifié la Convention pour la protection du patrimoine mondial, culturel et naturel. En Afrique, de nombreux états n’ont pas encore ratifié ladite convention. Parmi les états du continent encore hostiles à cette convention internationale, la Somalie et le Soudan du Sud. Rappelons également que certains états africains ont ratifié ladite convention internationale, mais sans pour autant avoir soumis à l’UNESCO des sites ou des villes pour leur inscription dans son patrimoine mondial. C’est le cas du Libéria, du Sao Tomé et aussi de la Guinée Equatorial qui reste l’un des plus grands producteurs de pétrole du continent africain. Dans le patrimoine mondial de l’UNESCO, très peu de grandes villes africaines et de capitale, puisque les critères observés sont essentiellement des critères naturels ou culturels. C’est la raison pour laquelle la Côte d’Ivoire, présente dans ce top 10 des villes les plus belles d’Afrique selon l’Organisation des Nations, est représentée par la cité balnéaire de Grand-Bassam. La diversité culturelle de cette ancienne capitale ivoirienne qui regorge de nombreux sites historiques a manifestement beaucoup compté auprès du comité chargé d’inscrire les villes dans le patrimoine mondial de l’UNESCO.

10e Harar (Ethiopie)

Harar est une ville située dans la partie Est de l’Ethiopie. Classée au patrimoine mondial de l’UNESCO en 2006, la cité fut pendant un moment de son histoire sous la domination égyptienne. Harar a joué un rôle très important dans l’implantation de l’Islam en Ethiopie et dans les environs. Parmi les édifices les plus anciens de la ville, on dénombre trois mosquées dont la construction remonte au Xe siècle. Parmi les monuments historiques que l’on retrouve à Harar, de nombreuses murailles construites pendant le XVIe siècle, à savoir l’époque de la Renaissance en France et en Europe. Aujourd’hui, Harar compte plus de 100 sites religieux historiques dont des mosquées et des sanctuaires. On trouve également dans cette cité éthiopienne la maison qu’habitait le poète français Arthur Rimbaud qui y était installé en tant que négociant. Harar accueille tous les ans des touristes qui viennent assister à un spectacle pour le moins étonnant, voir des hommes donner à manger à des hyènes tachetées.

9e Lamu (Kenya)

La fondation de Lamu remonterait au XIIe siècle, mais certains archéologues prennent pour date de repère la période 1370. C’est en 2001 que la ville a été inscrite au patrimoine mondial de l’UNESCO. Lamu occupe aujourd’hui une place importante dans la culture Swahilie. Très prisée par les touristes, la capitale de la province de Côte Nord au Kenya a vu le nombre de ses visiteurs reculer timidement ces dernières années en raison des rapts et kidnapping orchestrés par des pirates. A Lamu, les rues sont très étroites, raison pour laquelle il semble difficile, voire même impossible de se déplacer en voiture. Les touristes qui s’y aventurent la visitent généralement à pied ou en faisant du vélo. Sur le plan culturel, Lamu accueille tous les ans des milliers de visiteurs qui viennent commémorer l’anniversaire du Prophète Muhammad, le messager de l’Islam. Malgré sa diversité culturelle, Lamu a su toujours conserver ses valeurs islamiques.

8e Ghadamès (Libye)

Situé à 650 km de la capitale Tripoli, Ghadamès est l’une des premières cités érigées dans le grand désert du Sahara. Aussi connue sous l’appellation de « Perle du désert », elle fut inscrite au patrimoine mondial de l’UNESCO au cours de l’année 1986. A l’an avant Jésus-Christ, Ghadamès a été annexé par l’empire romain qui lui donnera comme appellation Cidamus. En l’an 667, Cidamus fait face à une invasion arabe. Durant la deuxième guerre mondiale, Ghadamès, alors sous contrôle de la République de France, enregistrera de nombreux dégâts en 1943. En 1951, la France perd le contrôle de la ville qui est de nouveau placée sous domination des autorités libyennes. Le départ des forces françaises qui avaient élu domicile à Ghadamès s’achèvera officiellement en 1955. La majorité des maisons de la ville libyenne sont faites à base d’une argile appelée Toub. Durant le vent de révolution arabe, Ghadamès a une nouvelle fois souffert le martyr.

7e Tombouctou (Mali)

Avec une population estimée autour de 55 000 habitants, Tombouctou se classe aujourd’hui parmi les plus importantes villes de la République du Mali. A en croire certains historiens, la cité aurait été fondée au XIe siècle par des tamasheq. Mais le point d’ancrage principal officiellement reconnu par nombres d’archéologues est le XIVe siècle, à savoir la période de l’empereur malien Mansa Moussa. En 1325, la mosquée Djingareyber de la « ville des 333 saints » voit le jour. Sur le plan économique, Tombouctou vivait essentiellement du commerce, et en particulier de celui des esclaves. Parmi les trésors bien gardés de Tombouctou, de nombreux manuscrits dont une partie dateraient d’avant l’arrivée de l’Islam. De nombreuses connaissances, notamment dans le domaine de la science et de l’astronomie, sont consignés dans ces manuscrits historiques qui seraient au nombre de 100 milles à en croire les chiffres. Au nombre des symboles historiques de la ville malienne, de nombreux mausolées dont certains ont été détruits ces dernières années par les groupes islamistes basés dans le nord du Mali.

6e Oualata (Mauritanie)

Situé dans le sud-est de la Mauritanie, Oualata a rejoint le patrimoine mondial de l’UNESCO en 1996. Contrairement à certains pays qui ne comptent qu’une seule ville au patrimoine mondial de l’organisation des Nations, en Mauritanie, Oualata n’est pas la seule cité à figurer sur la liste mondiale. Parmi les cités mauritaniennes présentes dans ce top 10 des villes les plus belles du patrimoine de l’UNESCO, Ouadane et Chinguetti qui se trouvent dans la région d’Adrar, ou encore Tichitt, ville située dans le centre-sud du pays dans la région de Tagant. A en croire les historiens, Oualata a été fondée au VIIe siècle et faisait partie du vaste empire de Ghana. Mais elle sera complètement démolie au XIe siècle, plus précisément en 1076, avant d’être érigée deux siècles plus tard, en 1224, en un important poste commercial. Malgré sa dimension historique et culturelle reconnue par l’UNESCO, Oualata abritait aussi le lieu d’incarcération des prisonniers politiques mauritaniens de race noire.

5e Marrakech (Maroc)

Jardin Majorelle Marrakech
Une villa bleu de type art déco labellisée Maisons des Illustres depuis 2011, avec un musée de l’Histoire des Berbères

Communément appelée la « ville rouge » par certains, Marrakech reste aujourd’hui l’une des cités les plus importantes du royaume chérifien, tant sur le plan culturel qu’économique. Avec une population estimée à près d’un million d’habitants, elle est l’une des plus vastes mégalopoles marocaines à ce jour. Marrakech a vu le jour en 1071 sous la houlette de Youssef ben Tachfine, un puissant sultan qui commandait un empire qui s’étendait jusqu’en Espagne. Marrakech accueille chaque année environ 2 millions de touristes qui viennent visiter ses monuments historiques. Dans cette ville, on retrouve plusieurs édifices religieux historiques, la Mosquée Koutoubia, la Synagogue Salat Al Azama, le Palais El Badi, le Palais de la Bahia ou encore le musée Dar Si Saïd qui a été fondée au XIXe siècle. Marrakech est également très prisé par les touristes en raison de ses nombreux évènements artistes et culturels. Chaque année, se tient le Festival des arts populaires de Marrakech durant le mois de juillet. La ville marocaine célèbre aussi tous les ans le Festival Samaa des musiques sacrées.

4e Agadez (Niger)

Agadez est aujourd’hui devenue l’une des principales routes de l’immigration clandestine conduisant vers l’Europe, en passant par les côtes libyennes. En superificie, il s’agit de la plus grande ville du Niger puisque sa surface s’étend à ce jour sur 667 799 km². L’économie de la ville repose essentiellement sur le commerce artisanal. Mais Agadez dépend aussi économiquement des recettes générées par l’exploitation de l’uranium. Compte tenu de son importance pour le pays, les autorités nigériennes ont établi en 2014 une université publique dans la ville. D’après les historiens, Agadez a été fondé au XIe siècle par des berbères. Sur le plan religieux, Agadez est majoritairement une ville musulmane.

3e Saint-Louis (Sénégal)

Ville de Saint-Louis au Sénégal
Saint-Louis se trouve à l’embouchure du fleuve Sénégal, à 264 km1 au nord de la capitale du pays, Dakar (ci-dessus les rues donnant sur la plage).

Evoquer l’histoire du Sénégal sans parler de Saint-Louis serait un crime de lèse-majesté pour certains. Pour ceux qui l’ignorent encore, Saint-Louis a été historiquement la première ville fondée par les colons occidentaux pendant le XVIIe siècle. La ville sénégalaise a été baptisée du nom de Louis XIV qui était aussi appelé « Roi Soleil ». La ville fut à l’époque un port stratégique pour le commerce des esclaves. Aussi connue sous l’appellation de la « Venise Africaine », Saint-Louis a été classé au patrimoine mondial de l’UNESCO au cours de l’année 2000. Parmi les monuments historiques de la ville, le Pont Faidherbe dont les plans de construction ont été réalisés par l’ingénieur français Gustave Eiffel, l’un des fondateurs de la Tour Eiffel. Parmi les monuments historiques de la ville, on trouve également la statue de Louis Léon César Faidherbe. De nombreuses personnalités politiques sénégalaises ont vu le jour à Saint-Louis, comme Cheikh Bamba Dièye, l’actuel maire de la ville.

2e Grand-Bassam (Côte d’Ivoire)

Le début de la rue de « Grand-Bassam Plage » ou des boutiques de souvenirs vendant aux touristes des objets typiques de la région.

Grand-Bassam se classe aujourd’hui parmi les destinations touristiques les plus prisées en Côte d’Ivoire. Capitale ivoirienne de 1893 à 1900, la cité balnéaire a été classée dans le patrimoine mondial de l’UNESCO en juillet 2012. L’une des principales attractions de la ville, c’est bien entendu ses belles plages. Le tourisme reste à ce jour l’une des principales sources de revenus pour les habitants de la ville. Parmi les sites historiques de Grand-Bassam, l’ancienne maison de la poste ou encore le musée du costume. Mais l’image de cité balnéaire a été sensiblement ternie en 2016 à la suite d’un attentat qui avait fait environ une vingtaine de morts.

1er Le Caire (Egypte)

Le Caire, capitale de l’Egypte, est historiquement considéré comme l’un des berceaux de l’histoire égyptienne. L’inscription de la capitale égyptienne au patrimoine mondial de l’UNESCO date de 1979. En plus d’être le siège des plus grandes institutions du pays, Le Caire abrite également le siège de la ligue arabe, une organisation de pays arabe qui comprend à ce jour 22 états. Sur le plan historique, la capitale égyptienne abrite aussi de nombreux monuments islamiques. Et aujourd’hui, rien que dans la capitale égyptienne, on dénombre au moins cinq universités.

Partagez cet article