Côte d’Ivoire : Port-Bouët redevient une base ivoirienne, la France se retire

Kohan Kioshiko

Un tournant historique en Côte d’Ivoire : Après des décennies de présence, la France cède la base militaire de Port-Bouët. Découvrez les enjeux et les conséquences de ce retrait stratégique.

Une nouvelle étape du désengagement militaire français en Afrique

Le 20 février marquera une transition historique avec la rétrocession de la base militaire française de Port-Bouët à la Côte d’Ivoire. Cette annonce, faite par le président Alassane Ouattara lors de son message à la nation du 31 décembre dernier, concrétise une nouvelle phase du réaménagement du dispositif militaire français sur le continent africain, impliquant une réduction des effectifs, un recentrage sur les missions de formation des forces locales et un retrait progressif des bases historiques.

Une cérémonie prévue en présence des ministres de la Défense

La cérémonie officielle de restitution du camp militaire du 43e BIMA (Bataillon d’Infanterie de Marine) se tiendra en présence de Téné Birahima Ouattara, ministre de la Défense ivoirien, et de son homologue français Sébastien Lecornu. Ce processus de transfert fait suite à plusieurs mois de discussions entre Paris et Yamoussoukro afin d’établir une feuille de route claire pour la coopération militaire bilatérale.

Une transition en douceur avec le maintien d’un contingent français

Bien que la base soit officiellement restituée à l’armée ivoirienne, un détachement d’environ 80 soldats français demeurera sur place. Le camp de Port-Bouët, qui sera rebaptisé « Thomas d’Aquin Ouattara », en hommage au premier chef d’État-major de l’armée ivoirienne, figure clé de la structuration et de la modernisation des forces armées du pays après l’indépendance, servira ainsi de centre de formation et d’accompagnement militaire. Ce maintien témoigne de la volonté des deux nations de préserver une coopération stratégique dans un contexte régional marqué par la menace terroriste.

Un repli progressif des forces françaises en Afrique

La réduction progressive de la présence militaire française en Afrique s’inscrit dans un mouvement plus large. Après le Tchad, en janvier, où la France a quitté ses installations suite à la révocation brutale de l’accord de coopération militaire par N’Djamena, d’autres retraits se préparent. Le Sénégal négocie également le départ des forces françaises d’ici fin 2025, dans un contexte de montée du sentiment souverainiste et de réévaluation des accords de défense. Ce retrait pourrait avoir des répercussions sur la coopération sécuritaire en Afrique de l’Ouest, notamment en matière de lutte contre le terrorisme.

La fin d’une époque de présence militaire visible

Alors que les armées françaises ont dû quitter le Mali, le Burkina Faso et le Niger sous la pression des juntes au pouvoir, invoquant des questions de souveraineté, ce nouveau retrait marque une transformation du rôle militaire de la France en Afrique.

La Côte d’Ivoire reste toutefois un allié stratégique de la France en Afrique de l’Ouest. Son engagement dans la lutte contre le terrorisme au Sahel et dans le golfe de Guinée la positionne comme un partenaire clé pour la sécurité régionale.

Des parachutistes ivoiriens déjà installés dans le camp

Depuis janvier, des parachutistes ivoiriens ont commencé à occuper le site de Port-Bouët, facilitant ainsi la transition opérationnelle entre les forces françaises et ivoiriennes. Ils participent activement à la prise en main des infrastructures et suivent des formations dispensées par les militaires français sur la logistique, la surveillance et la sécurisation des installations stratégiques. Ce programme vise à assurer une transition fluide et à renforcer les compétences locales en matière de défense. Cette cohabitation temporaire vise à assurer une prise en main efficace du camp par l’armée ivoirienne avant le transfert définitif.

Une page se tourne dans la relation franco-ivoirienne

Si la plupart des 1 000 soldats français stationnés au 43e BIMA quitteront le territoire ivoirien, la France continuera d’apporter son soutien à la formation des forces locales. Cette évolution traduit une mutation des modalités de la coopération militaire entre Paris et ses partenaires africains, vers un modèle d’accompagnement plutôt que de déploiement direct. Cela inclut des missions de formation des forces locales, le partage d’expertise stratégique et le soutien logistique pour renforcer l’autonomie opérationnelle des armées partenaires, comme en témoigne la présence d’un détachement français chargé d’encadrer les troupes ivoiriennes.

Source :
Linfodrome
Jeuneafrique

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