Côte d’Ivoire : qui sont les nouveaux ‘’sécurocrates’’ de la 3è République ?

Kan Frédéric

Au lendemain d’une mutinerie militaire qui a emporté, lundi, le Chef d’Etat-major général des forces armées, le général de Corps d’armée Soumaïla Bakayoko, le Commandant Supérieur de la gendarmerie nationale, le général de Corps d’Armée Gervais Kouassi Kouakou et le Directeur général de la police, l’Administrateur général de police Brindou Mbia, le chef de l’Etat, Alassane Ouattara, chef Suprême des Armées, a placé sa confiance à trois officiers généraux. Qui sont-ils ?

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Le Général de Division Sékou Touré (61 ans), le nouveau Chef d’Etat-major général (CEMAG) était depuis mars 2013, l’adjoint du CEMAG déchu, le général de Corps d’Armée Soumaïla Bakayoko, chargé des opérations, cumulativement à ses fonctions de Président du Conseil d’administration du Fonds de prévoyance militaire (FPM).

Cet ancien de l’Ecole supérieure de guerre de Paris, en France (1995-1996) et de l’Institut des hautes études et de défense toujours dans la capitale française (2006), le général Sékou Touré est titulaire du Brevet d’instructeur commando obtenu en 1981 à Mont-Louis (France) en plus d’un Brevet national de secourisme (1988).

Le nouveau CEMAG a participé à de nombreux stages de formation dont celui des Opérations civilo-militaires en maintien de la paix en 1999 et 2002 au Centre Pearson (Canada) ainsi qu’au séminaire sur les modules de formation en maintien de la paix des Nations Unies au Kenya (2002).

Discret, à la limite, effacé, Sékou Touré, passé général de division en 2016, a depuis sa première fonction de Commandant de brigade des élèves sous-officiers d’Active à l’Ecole des forces armées de Bouaké (1981-1982), dirigé plusieurs unités militaires dont la division d’instruction militaire de l’Ecole militaire préparatoire de Bingerville( EMPT, 1984-1987), puis une compagnie et un groupement à la Garde républicaine de Yamoussoukro (1987-1993).

Après un passage au Bureau personnel de l’Etat-major (1993-1995) et au cabinet militaire au ministère de la défense (1998-1999), le général Sékou Touré est, successivement, promu Commandant de l’EMPT de Bingerville (2000-2002), de l’Ecole de maintien de la paix de Zambakro (2002-2004) et de l’Ecole des Forces armées d’Abidjan et de Zambakro (2004-2011).

Le parcours de ce grand soldat (au figuré comme au propre), reconnu pour sa rigueur disciplinaire, sa ‘’probité et sa droiture’’, le conduit au commandement des forces terrestres (2011-2013) avant d’intégrer l’Etat-major général des armées en qualité d’Adjoint au CEMAG, chargé des opérations. Poste qu’il occupera depuis mars 2013 jusqu’à sa nomination, le 9 janvier 2017, dans les fonctions de Chef d’Etat-major général des Forces armées de Côte d’Ivoire.

Médaillé de la Défense française et titulaires plusieurs décorations, le nouveau patron des armées ivoiriennes qui a pris fonction, mercredi, parle couramment le français et l’anglais. Le dossier chaud de la mutinerie dans plusieurs casernes du pays qui a précédé sa nomination sera son premier test.

Avec ses 59 ans, le général de Division Nicolas Kouadio Kouakou, le Commandant supérieur de la gendarmerie nationale, succède au général de Corps d’armée Gervais Kouassi Kouakou. L’imagerie populaire abidjanaise ironise que ‘’la gendarmerie est une affaire des Kouakou’’. N’empêche, le nouveau promu est un pur produit de la maison. Il connaît la gendarmerie du bout ‘’des ongles’’.

Le général Nicolas Kouadio Kouakou a attendu, patiemment, son heure dans l’antichambre de la Maréchaussée. Proche de l’ancien chef de l’Etat, Henri Konan Bédié dont il fut l’aide de camp (2001-2002), le néo-Commandant supérieur de la gendarmerie ne demeure pas moins un brillant intellectuel, porté sur la perfection.

Titulaire d’un DEUG en Anglais (1977-1978) et d’une Licence ès Lettres en Communication, Nicolas Kouadio Konan a débuté son commandement à Korhogo, à l’extrême nord, à la tête du peloton mobile (1984-1986) après une solide formation militaire, successivement, à l’Ecole des Forces Armées de Bouaké, Melun et Paris en France.

Entre 1986 et 2014, le général Kouadio a pris part plusieurs stages de renforcement des capacités qui l’ont conduit Washington DC (Stratégie militaire), à Châtellerault en France (stage pédagogique à l’école des sous-officiers de gendarmerie), en Afrique du Sud (Cours de Droit international humanitaire, stage en police et force de sécurité) ainsi qu’à la Banque Mondiale (programme transitoire de démobilisation et réintégration)…

A la faveur de la crise militaro-politique de 2002 qui a divisé la Côte d’Ivoire en deux avec deux armées, le général Nicolas Kouakou est appelé pour diriger (2007-2011) le Centre de commandement intégré (CCI) qui regroupe des soldats des deux armées. L’armée loyaliste au chef d’Etat d’alors, Laurent Gbagbo et celle des Forces nouvelles (Ex-rébellion). Son sens aigu de la gestion des hommes a brisé les barrières de la méfiance.

Cette mission de ‘’salubrité publique’’ accomplie, avec dévouement, Nicolas Kouakou atterrit au Commandement supérieur de la gendarmerie en qualité de Commandant supérieur en second chargé de la gendarmerie mobile et des Unités spécialisées. Poste qu’il occupera jusqu’à sa nomination.

Le benjamin des trois nouveaux sécurocrates de la 3è République, le Commissaire Divisionnaire-major Kouyaté Youssouf (50 ans) était, depuis 2013, jusqu’à sa nomination à la tête de la Police nationale, le Commandant du Centre de Coordination des Décisions Opérationnelles (CCDO), une unité spécialisée dans la lutte contre le grand banditisme.

Dans sa riche et immense carrière de flic, Kouyaté Youssouf, impressionnant par le gabarit, a occupé de hauts postes dont commandant de Compagnie Républicaine de Sécurité (CRS II, 2001-2002), préfet adjoint de Police (2008), Directeur des Unités d’Interventions de la Police (2011).

Double lauréat du Prix national d’Excellence (1999 et 2013) de meilleur policier de Côte d’Ivoire, le nouveau Directeur général de la Police en remplacement de l’Administrateur général de police Brindou Mbia, a effectué plusieurs stages en France (2004) et en Egypte (2011). Il a son actif plusieurs distinctions dont la Médaille d’honneur de la police à titre exceptionnelle, pour ses performances ainsi que la Médaille du mérite Ivoirien et la Médaille Sportif de l’armée.

Ce sont sur ces trois chevaux gagnants que mise le président ivoirien, Alassane Ouattara, pour conduire la Côte d’Ivoire à l’émergence, débarrassée des enfants en difficulté avec la loi (microbes), du racket ambiant, du phénomène des coupeurs de routes, du grand banditisme dans une IIIè République sécurisée et en paix.

Source: HS/ls/APA

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