L’indemnisation des victimes liées aux déchets toxiques qui ont pollué la ville d’Abidjan en 2006 est loin d’être une réalité en Côte d’Ivoire. Pourtant en juin dernier, un tribunal à Londres avait condamné le Cabinet Leigh Day à dédommager 4752 plaignants à hauteur de 750.000 francs par personne. Mais tous n’ont pas reçu le montant de leur dédommagement et d’autres associations réclament encore réparation à Trafigura. Dix ans après, voici toute la vérité sur l’affaire « Probo Koala »
Confusion autour du dédommagement des plaignants du Probo Koala
L’affaire des déchets toxiques est toujours une actualité gênante pour le gouvernement Ivoirien, chacun se renvoi la patate chaude. Cela fait plusieurs années que l’opération d’indemnisation des victimes des déchets toxiques déversés dans la ville d’Abidjan tâtonne. Dix ans après l’empoisonnement de la capitale ivoirienne par des navires affrétés par Trafigura, des dizaines de milliers de plaignants n’ont toujours pas perçu le moindre centime en guise de dédommagement. Le vendredi 19 août 2016, une des associations laissées pour compte a tenu une manifestation devant le siège de l’Ambassade des Etats-Unis en Côte d’Ivoire. Selon le RENADVIDET-CI (Réseau national pour la défense des droits des victimes des déchets toxiques de Côte d’Ivoire), cette action visait à interpeller la communauté internationale sur la réalité de la boue polluante au pays. Au-delà de la question du dédommagement, plusieurs sites où avaient été déversées les ordures n’ont pas été totalement dépollués, exposant toujours les occupants de ces lieux à ces produits toxiques.
Trafigura blanchi dans l’affaire des déchets toxiques ?
Pour les différentes associations militant pour le droit des victimes, Trafigura, en tant qu’affréteur des ordures polluantes à Abidjan, est le principal responsable de ce scandale écologique. Mais la responsabilité du courtier pétrolier n’a jamais été directement admise par la juridiction ivoirienne grâce à l’accord financier qu’avait passé la société pétrolière avec le gouvernement ivoirien en 2007. Moyennant cet arrangement dont le montant est estimé à plus de 100 milliards de francs Cfa, Trafigura s’est retrouvé à l’abri de toute poursuite judiciaire au niveau national comme sur le plan international. Les actions entamées par les représentants des victimes visent donc le Cabinet Leigh Day, structure chargée de coordonner l’opération d’indemnisation avec les différentes associations.
Le Cabinet Leigh Day scandalisé sur sa procédure d’indemnisation des victimes
Pour résoudre la question du dédommagement des plaignants du Probo Koala, Leigh Day avait versé une tranche de 22,5 milliards de francs Cfa à l’association dirigée des victimes dirigée par Claude Gohourou. Mais sur les quelques 30.000 personnes à dédommager, seule une poignée avait perçue les 750.000 francs Cfa versées à chaque plaignant. Le reste de l’argent aurait été détourné par l’association de Gohourou selon les autres organisations de défense des droits des victimes des déchets toxiques. Devant l’insatisfaction des personnes ayant portées plainte, de nouvelles procédures judiciaires avaient été entamées contre le Cabinet Leigh Day au plan international. En octobre 2014, l’UNAVDTCI dirigée Denis Yao Pipira a déposé une nouvelle plainte contre le cabinet pour exiger le dédommagement des victimes. Deux ans plus tard, c’est-à-dire le 17 juin 2016, un tribunal londonien avait tranché en faveur de l’organisation militant pour le droits des personnes infectées par les ordures polluantes. C’est ainsi que Leigh Day avait été condamné à verser des indemnités à 4752 plaignants. Mais les personnes réunies au sein de l’UNAVDTCI n’ont pas touché les 750.000 francs Cfa de réparation comme il avait été convenu. De nouvelles audiences devraient avoir lieu au mois d’octobre contre le Cabinet.
L’opération d’indemnisation en Côte d’Ivoire des victimes du Probo Koala est un processus difficile eu égard du nombre pléthorique d’associations de défense des plaignants. Tous les plaignants auraient eu gain de cause si toutes ces structures avaient été fédérées pour former une seule entité représentant la population ivoirienne dans l’affaire Probo Koala.