Rapport Pasec : l’heure des responsabilités en Côte d’Ivoire selon Zadi Gnagna

Kohan Kioshiko

Education nationale – l’ONG Internationale Pasec a récemment rendu public sa dernière évaluation sur les systèmes éducatifs de nombreux pays de la zone francophone. Malgré un budget colossal consacré cette année au ministère de l’éducation nationale, le pays a encore du chemin à faire pour être considéré comme une référence en matière d’éducation nationale, selon le rapport Pasec.

Le ministère de l’éducation nationale n’a pas encore réagi au dernier rapport de l’ONG Pasec, un rapport qui alimente une vive polémique sur la toile depuis quelques jours. Ce rapport présente un système éducatif moribond, malgré les nombreuses réformes engagées dans ce secteur. Pour le président de la plateforme syndicale, l’heure est venue de situer les différentes responsabilités après la publication de ce rapport accablant. Lors de la rentrée scolaire 2019-2020, un scandale d’erreurs dans les manuels scolaires avait suscité l’indignation en Côte d’Ivoire, au point où certains opposants avaient réclamé la démission de la ministre de l’éducation nationale. Aujourd’hui, le rapport Pasec jette à nouveau de l’huile sur le feu, d’autant plus que le secteur de l’éducation nationale est l’un des ministères qui englobe les plus gros budgets. Rien pour l’exercice 2021, ce sont environ 1000 milliards de francs Cfa qui ont été consacrés à ce secteur.

«L’Ecole en Côte d’Ivoire ne peut être l’otage d’une famille. Le Président de la République et le Premier ministre disposent d’une solution forte pour sauver l’Ecole : le renvoi du ministre de l’Education nationale et de son chef de cabinet. Aucun sacrifice de trop pour sauver l’Ecole», confiait l’ancien ministre Alain Lobognon lors de la grève des enseignants en 2019. Si la ministre a su faire face aux appels pressants de démission lancés par certains opposants à cette époque, le dernier rapport du Pasec sur l’évaluation du système éducatif dans plus d’une dizaine de pays subsahariens, se présente comme une épée de Damoclès pour la ministre ivoirienne chargée de l’éducation nationale : ««En lecture, plus de la moitié des élèves (52,1%) est en dessous du seuil « suffisant » de compétences et, par conséquent, dans une situation de difficultés d’apprentissage en lecture. À ce niveau d’enseignement, ces élèves ont des difficultés pour comprendre des mots isolés issus de leur vie quotidienne et des phrases isolées ainsi que pour localiser des informations explicites dans des textes courts et moyens en prélevant des indices de repérage présents dans le texte et les questions. Parmi eux, certains élèves (5,9%) ne sont pas capables, de façon courante, de mettre en œuvre les connaissances et les compétences les plus élémentaires que l’enquête PASEC cherche à mesurer, alors qu’ils sont appelés à entrer au premier cycle du secondaire. Parmi les pays présentant une bonne répartition de leurs élèves sur l’échelle de compétences en lecture (Gabon, Bénin, Sénégal, Burkina Faso, Congo, Cameroun), le Gabon se distingue en positionnant plus de 93% de ses élèves au-dessus du seuil « suffisant » de compétences.», lions-nous dans le rapport de l’ONG Internationale.

L’heure des responsabilités

«Le rang de notre pays n’est pas enviable au niveau de la qualité et ou de la performance de son  système éducatif comparativement à des pays moins nantis de la sous-région. Le constat est fait, le résultat est sans appel. Il s’agit maintenant de situer les responsabilités.  Il est évident que le gouvernement porte la plus grande responsabilité dans cette débâcle, mais d’autres acteurs et non des moindres, ont une part de responsabilité quand on sait leur influence dans les choix stratégiques de  nos dirigeants. Je veux parler des bailleurs de fonds.  Ces bailleurs de fonds, il faut le reconnaître investissent des sommes astronomiques dans notre système éducatif. Ces investissements lourds évalués à plus de 1.000 milliards de nos francs ont permis le renforcement des infrastructures scolaires, l’amélioration de la qualité de l’enseignement et le renforcement des capacités des acteurs du système.», a indiqué le président de la plateforme syndicale Zadi Gnagna.

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