Procès Ouérémi : à la recherche des coupables du génocide à l’ouest

by Kohan Kioshiko

Affaire Amadé Ouérémi – Alors que la crise post-électorale ivoirienne battait son plein en mars 2011, des informations faisant état d’un massacre commis dans l’ouest du pays circulaient également. Très vite, l’ancienne majorité présidentielle pointera du doigt la responsabilité des forces proches du pouvoir actuel. Amadé Ouérémi, acteur majeur de la crise à l’ouest, sera interpellé avant d’être jugé pour ces massacres.

Le procès d’Amadé Ouérémi touche quasiment à sa faim, dans la mesure où le Procureur a déjà requis une sentence et non des moindres à l’encontre de l’accusé. La prison à vie a été requise contre Amadé Ouérémi pour les massacres commis à l’ouest du pays en mars 2011, notamment dans la ville de Duékoué. Des centaines d’habitants ont perdront la vie dans ses massacres. Dans son plaidoyer, l’avocate de l’accusée, Me Aka Rosine, admet bel et bien qu’il y’a eu massacre à l’ouest du pays. En revanche, l’avocate refuse que la responsabilité de ces actes criminels soit uniquement endossée par son client, d’autant plus qu’il semblerait illogique d’un seul individu puisse commettre des centaines de massacres dans une localité. Pour l’avocate, certains commanditaires de ces massacres sont encore tapis dans l’ombre.

Le Procureur a requis la plus lourde sentence du code pénal ivoirien à l’endroit d’Amadé Ouérémi, jugé pour les massacres commis à l’ouest de la Côte d’Ivoire, en mars 2011, au plus fort de la crise post-électorale ivoirienne. La peine de mort a été requise par le Procureur dans le cadre du procès des massacres de Duékoué pendant la crise ivoirienne de 2011. Si l’avocate de l’accusé admet l’existence d’un massacre, elle refuse cependant que son client porte à lui tout seul la responsabilité de ces centaines de morts : «« En ma qualité d’avocate de l’accusé, je vais plaider la cause d’Amadé Ouérémi, dans ce procès qui se déroule devant la juridiction. Cette affaire doit être traitée à la racine, pour connaître les tenants et les aboutissants. Amadé Ouérémi était un mécanicien de vélo. Qui va se reconvertir en agriculteur. Il paie une portion de terre pour faire sa plantation. (…) Dans cette rébellion armée avec des armes lourdes, il sera approché par des chefs de guerre qui l’ont rassuré, l’ont mis en confiance. Il s’est associé à une armée de rebelles qui s’est installée dans l’Ouest de la Côte d’Ivoire. Amadé a eu gîte et couvert. Il a eu des tenues militaires et des armes. Il n’était pas militaire, à l’origine. Pourquoi lui a-t-on donné ces armes ? Dans ces photos que voici, que fait Amadé en tenue militaire aux côtés du commandant Losséni Fofana dit Loss ? Où a-t-il eu ses éléments militaires ? Où a-t-il eu ses armes. A-t-on montré des reçus de paiement de ces armes ? Amadé et ses prétendus hommes avaient des armes plus fortes que celles de l’armée de Côte d’Ivoire. Ils avaient des armes plus fortes que celles de la Force Licorne ou celles des Forces onusiennes ? Pourquoi veut-on porter ici le chapeau à cet homme frêle, analphabète, ce qui s’est passé comme atrocités ? Un seul homme peut-il commettre un génocide ? Un génocide est le fait d’une multitude de personnes.», a déclaré Me Aka Rosine dans son plaidoyer.

Arrêter les autres coupables

«Il faut dénicher les responsables de la rébellion et les commanditaires tapis dans l’ombre. Dieu fait grâce, ceux-là n’échapperont pas, partout où il y a une justice. Il y a bel et bien eu génocide à Duékoué. J’en suis désolée. Toutes les victimes qui ont défilé ici en ont marre, elles pleurent. Toutes ces victimes ont besoin de justice. Ce procès m’a laissée sur ma faim, un goût d’inachevé comme bien d’autres personnes. Amadé dit qu’il a été trompé. Il a été instrumentalisé. Les victimes demeurent et les commanditaires demeurent. Amadé était bel et bien un élément de l’armée de Côte d’Ivoire. Amadé Ouérémi recevait bel et bien des ordres, des instructions.», a poursuivi l’avocate.

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