Procès Amadé Ouérémi : le président des victimes insatisfait

Kohan Kioshiko

Condamnation d’Amadé Ouérémi – Le Procureur avait requis il y’a quelques jours la perpétuité à l’endroit de l’ancien chef de guerre Amadé Ouérémi dans le cadre de l’enquête sur les massacres commis dans la ville de Duékoué il y’a de cela une dizaine d’années, pendant la crise post-électorale ivoirienne. Le tribunal a rendu son verdict dans ce procès, un verdict qui ne satisfait pas le représentant des victimes de la crise ivoirienne.

Amadé Ouérémi a finalement été condamné à la peine capitale, à savoir la prison à vie pour crimes sur les populations de Duékoué. Pendant la crise ivoirienne, cette localité avait souffert le martyr, après le massacre des centaines d’habitants. Amadé Ouérémi, l’un des chefs de guerre qui était actif dans la localité de l’ouest du pays, a été appréhendé avant d’être jugé pour crimes commis à l’ouest. Si l’avocate de ce dernier a bel et bien reconnu l’existence d’un génocide dans la localité, dans son plaidoyer, elle a clairement exigé que le procès soit étendu à d’autres soldats notamment cités par l’accusé durant le procès. Le colonel Fof est l’une des personnalités qui avaient été citées par l’accusé Amadé Ouérémi durant ce procès qui s’est tenu à Abidjan. Pour le représentant légal du collectif des victimes de la crise de 2011, l’enquête devrait se poursuivre afin que les soldats cités dans cette affaire soient entendus par la justice ivoirienne également.

Les propos de Diaby Issiaka, représentant des victimes de la crise ivoirienne, ont été recueillis par nos confrères du Nouveau Réveil, après la condamnation à la prison à vie d’Amadé Ouérémi : «Que la justice ivoirienne continue son enquête parce que tous les auteurs des crimes n’ont pas été entendus au cours de ce procès. A Duékoué, les poursuites contre tous les auteurs de crimes ne doivent pas cesser maintenant. Tous les criminels doivent passer devant cette justice qui, pour nous, est en train de prendre le dessus sur la Cour pénale internationale, dans la lutte contre l’impunité. Pour nous, les colonels Losséni Fofana dit Loss et Coulibaly dit Cool devraient être au tribunal, dès lors qu’ils ont été cités, pour la manifestation de la vérité. C’est le juge qui a la police de l’audience. Nous avons demandé que ceux-là soient là pour que les responsabilités soient situées. Le juge a décidé autrement, au détriment des victimes. C’est une décision de justice, on est obligé de l’accepter mais à contre cœur. Pour nous, ces personnes-là devraient venir dire leur part de vérité.», a indiqué le représentant des victimes. Dans son plaidoyer, l’avocate d’Amadé Ouérémi a rappelé aux juges qu’un seul individu ne saurait commettre un génocide, invitant donc les juges à en tenir compte avant de rendre leur verdict. L’accusé sera finalement condamné à la prison à vie, la peine la plus lourde du code pénal ivoirien.

D’autres coupables en liberté ?

«Dans cette rébellion armée avec des armes lourdes, il sera approché par des chefs de guerre qui l’ont rassuré, l’ont mis en confiance. Il s’est associé à une armée de rebelles qui s’est installée dans l’Ouest de la Côte d’Ivoire. Amadé a eu gîte et couvert. Il a eu des tenues militaires et des armes. Il n’était pas militaire, à l’origine. Pourquoi lui a-t-on donné ces armes ? Dans ces photos que voici, que fait Amadé en tenue militaire aux côtés du commandant Losséni Fofana dit Loss ? Où a-t-il eu ses éléments militaires ? Où a-t-il eu ses armes. A-t-on montré des reçus de paiement de ces armes ? Amadé et ses prétendus hommes avaient des armes plus fortes que celles de l’armée de Côte d’Ivoire. Ils avaient des armes plus fortes que celles de la Force Licorne ou celles des Forces onusiennes ? Pourquoi veut-on porter ici le chapeau à cet homme frêle, analphabète, ce qui s’est passé comme atrocités ? Un seul homme peut-il commettre un génocide ? Un génocide est le fait d’une multitude de personnes.», expliquait l’avocate de l’accusé.

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