Candidature de Ouattara : l’opposition ivoirienne se déchaine

Kohan Kioshiko

Présidentielle 2020 – Le candidat du RHDP sera Ouattara Alassane, une décision qui alimente encore la polémique au sein de la classe politique ivoirienne. On se rappelle encore que le président Ouattara avait donné sa parole en mars dernier, son retrait de la course à la présidentielle d’octobre 2020. Mais le décès d’Amadou Gon Coulibaly, présenté comme un cas de force majeur, change la donne pour le parti présidentiel. Sollicité par les cadres et militants, le dirigeant ivoirien a répondu favorablement à l’appel lancé par son bord politique, à trois mois de l’échéance électorale en Côte d’Ivoire.

La candidature de Ouattara Alassane en octobre 2020 est loin de faire l’unanimité au sein de la classe politique. Après avoir brigué deux mandats sous l’ancienne constitution, le président ivoirien a indiqué le 6 août dernier son intention de se présenter à la présidentielle d’octobre 2020, pour le compte du RHDP parti unifié. Comme il fallait s’y attendre, cette décision a suscité un vent de colère au sein de l’opposition ivoirienne qui dénonce l’illégitimité d’une telle candidature. En attendant la décision finale du Conseil Constitutionnel, les opposants au régime multiplient les attaques et critiques à l’endroit du président ivoirien. Depuis la France, Guillaume Soro a accordé une interview au journal JDD. Dans son entretien, l’ancien chef du parlement ivoirien a dénoncé l’illégalité de cette candidature, même son de cloche chez Assoa Adou, le secrétaire général de l’aile radicale du front populaire ivoirien.

Evoquant un cas de force majeur, Ouattara Alassane est revenu sur sa décision de ne pas briguer un troisième mandat en Côte d’Ivoire. Sa candidature alimente encore la polémique en Côte d’Ivoire : «Il n’y a pas d’interprétation possible. C’est une forfaiture. Il est clairement écrit qu’on ne peut se présenter une troisième fois. D’ailleurs, il n’a cessé de répéter au cours du mois de mars dernier – propos validés par ses juristes – qu’il n’était pas autorisé à faire un troisième mandat. C’est clairement une atteinte à l’indépendance de la Côte d’Ivoire….Oui, et il a franchi la ligne rouge. Quand vous vous attaquez à la constitution d’un pays, vous sapez les bases de l’Etat. Au-delà de la Côte d’Ivoire, il y a la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao), dont fait partie notre pays et qui possède également une charte interdisant de faire un mandat de trop. Il existe donc un double verrou que M. Ouattara a clairement fait sauter…Il a profité de l’auréole du FMI pour se glisser dans la peau du charmeur. Moi-même, j’ai été séduit par son CV. Je l’ai soutenu. Nous étions cinq camarades, quatre sont partis. Vous comprenez mon désarroi. J’ai honte. Son comportement caricature les Africains. Mais aussi les politiques. Je maintiens ma candidature parce que la Constitution me donne le droit de me présenter. J’ai la dictature contre moi mais le droit avec moi. Une parodie de procès a été organisée à mon encontre afin de me rayer de la présidentielle, mais la Cour africaine des droits de l’homme a cassé la décision du tribunal d’Abidjan. Je suis convaincu d’être en bonne position pour gagner cette élection.», a déclaré Guillaume Soro, ancien président de l’Assemblée Nationale de Côte d’Ivoire.

La réaction d’Assoa Adou

« Monsieur Ouattara vient de détruire totalement la constitution que lui même a fait voter par les Ivoiriens. C’est monsieur Cissé Bacongo qui le 25 novembre 2016 sur Africa 24, avait dit que l’article 183 de la nouvelle constitution ne permettait pas à Ouattara de se présenter aux élections de 2020. Monsieur Sassan Kambilé, ministre de la justice et des droits de l’homme, devant la commission des affaires institutionnelles et générales de l’Assemblée nationale de Côte d’Ivoire, avait également déclaré le 07 octobre 2016 et je cite : ”Il est impossible à monsieur Ouattara de se présenter en 2020”. Une constitution est la loi fondamentale d’un pays, c’est-à-dire que c’est elle qui permet de faire toutes les autres lois. En disant qu’il se présentera, monsieur Ouattara vient de détruire totalement la constitution que lui même a fait voter par les Ivoiriens.», a déclaré l’ancien chef du parlement ivoirien.

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